Il est vrai que les voitures électriques présentent de nombreux avantages, c’est pourquoi elles se démocratisent. Si vous envisagez d’en acheter un, il convient toutefois de prendre en compte un paramètre souvent négligé : le coût des réparations. La récente étude menée par l’association Sécurité et Réparations Automobiles (SRA) pourrait, en l’occurrence, vous intéresser. Selon leurs constats, les coûts de réparations sur les véhicules électriques sont en moyenne 15 % plus chers que celles des modèles thermiques. Décryptage.
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Selon l’étude de SRA, l’électrique est 15 % plus cher en réparations
L’association Sécurité et Réparation Automobile (SRA) rassemble des acteurs majeurs de l’assurance et de la réparation. Elle a publié le 27 mai 2024 une étude comparative sur les coûts de remise en état des véhicules. Pour mener à bien ces travaux, les experts ont analysé quelque 800 000 rapports d’expertise à la suite des sinistres survenus en 2023. Qu’est-ce qu’ils ont constaté ? « Dans la grande majorité des cas, le véhicule électrique présente un surcoût par rapport à son pendant thermique », souligne Rodolphe Pouvreau, le directeur de SRA.
En cas de collision, les réparations sur un véhicule électrique reviennent en moyenne 15 % plus chères que sur un modèle thermique équivalent. Cet écart monte même jusqu’à 20 % si l’on compare uniquement les motorisations 100 % électriques aux moteurs essence. Des disparités existent toutefois selon les modèles. Prenons le cas de la Smart Fortwo électrique qui coûte seulement 1 % de plus à réparer que sa version thermique. Pourtant, la différence peut atteindre 17 % pour une Volkswagen Golf 7 et une ID.3.
Les voitures de marques 100 % électriques comme Tesla sont particulièrement concernées par ces surcoûts. « La réparation d’une Tesla est en moyenne 21 % plus onéreuse que celle d’un Peugeot 5008 dans le secteur des SUV familiaux ». Du moins, c’est qu’a précisé M. Pouvreau.
Seule l’Opel Corsa VI présente une exception à cette règle. Ses versions électriques et thermiques affichent des coûts de réparation quasi similaires, sans que l’on puisse expliquer cette singularité.
Quels sont les facteurs expliquant ce surcoût de réparation ?
Le poids supérieur des véhicules électriques
Le premier élément que les experts ont pointé du doigt est le poids des voitures branchées à une prise. En effet, « plus un véhicule est lourd, plus il a d’inertie lors d’une collision », explique le directeur de SRA. Cela entraîne des dommages plus importants et une moindre « réparabilité » des pièces. Or les batteries, qui représentent une part significative de la masse des VE, les rendent nettement plus lourds que leurs homologues thermiques.
Pour contrebalancer ce surpoids, les constructeurs ont massivement recours à l’aluminium. Ce matériau s’avère plus léger, mais aussi nettement plus onéreux à travailler que l’acier traditionnellement utilisé. Ce choix de conception contribue donc à l’alourdissement des coûts de réparation sur les VE par rapport aux modèles thermiques.
Les spécificités liées à l’électrification
Un autre facteur explicatif est que les pièces et composants spécifiques aux VE sont plus onéreux. Ils sont, par ailleurs, davantage exposés aux détériorations en cas de choc. On parle ici des moteurs électriques, du système de recharge, etc. Les véhicules électriques étant de plus en complexe.
En outre, toute intervention sur une voiture électrique impose de mettre en sécurité le circuit haute tension. Cette complexité rallonge encore plus le temps de prise en charge, augmentant ainsi la facturation des réparations.
Recours fréquent aux garages des constructeurs
Justement, pour limiter les risques d’électrocution et d’incendie, les réparations sur les modèles électriques nécessitent l’intervention de mécaniciens spécifiquement formés et habilités. Un personnel qualifié « qui se fait encore rare et constitue un des principaux goulets d’étranglement », déplore Nicolas interrogé par BFM Business.
Par conséquent, les voitures électriques sont plus souvent confiées aux réseaux des constructeurs. Pourtant, « leurs tarifs horaires sont généralement plus élevés que ceux des réseaux indépendants », souligne le directeur de SRA. Cette pratique contribue alors à l’augmentation des coûts de réparation.
Vers une flambée des primes d’assurance pour les VE ?
Étant donné que les compagnies d’assurances prennent aujourd’hui en charge l’essentiel des frais de réparation. Le surcoût observé sur les véhicules électriques pourrait toutefois se répercuter sur les primes. Avec l’électrification du parc automobile français, si la facture des sinistres continue de grimper, on risque d’assister à un réajustement des tarifs.
Cette tendance a même été déjà observée dans quelques pays européens. « Certains assureurs commencent à refuser de couvrir certains modèles électriques », indique Olivier Moustacakis. Ce dernier étant le cofondateur du comparateur Assurland. Il anticipe même « une augmentation de 10 à 20 % du prix des assurances pour les voitures électriques ».
Dans un contexte inflationniste, où le coût des pièces détachées a augmenté de 18 % en deux ans selon SRA. Cette dérive des tarifs d’assurance fait peser une menace sur le budget des ménages. « Entre des véhicules plus chers à l’achat et à l’entretien, et des primes d’assurance en hausse, on peut craindre un impact sur le pouvoir d’achat des automobilistes électromobiles », s’inquiète Rodolphe Pouvreau.
Le gouvernement français mise sur les VE pour décarboner les transports, avec un objectif de 800 000 ventes annuelles dès 2027. Voilà que cette analyse sur les coûts de réparations pourrait freiner le développement de la mobilité électrique en France.
En vidéo la constatation sur BFM :