Le réchauffement climatique impose de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, notamment celles liées aux transports. Dans cette optique, les biocarburants, fabriqués à partir de matières organiques renouvelables, représentent une alternative crédible aux carburants traditionnels d’origine fossile. Biodiesel, bioéthanol ou biogaz, ces nouvelles ressources énergétiques pourraient transformer notre mobilité. Sont-elles vraiment le remède ? Faisons le point sur leurs atouts et leurs faiblesses.
Sommaire :
Les biocarburants : tout ce qu’il faut savoir sur
Définition
Les biocarburants sont des carburants organiques issus de la biomasse. Ils sont produits à partir de matières végétales (plantes sucrières, oléagineuses, céréales…) ou animales (graisses animales), de déchets organiques. Certains proviennent de la transformation de CO2.
Ces nouvelles sources d’énergie se déclinent sous diverses formes : liquide, comme le biodiesel et le bioéthanol. D’autres se présentent sous forme gazeuse tels que le biogaz et le biohydrogène… Ils ont la capacité de remplacer, partiellement ou totalement, les carburants d’origine fossile dans les moteurs thermiques. Leur point commun ? Ils offrent une alternative plus respectueuse de l’environnement.
En 99 secondes, comprenez ce qu’est le biocarburant :
Différent type
Les agrocarburants se classent en trois catégories principales : le biodiesel, le bioéthanol et le biogaz.
Le biodiesel est utilisé dans les moteurs diesel. Ce carburant est fabriqué sur la base d’huiles végétales. Des véhicules comme la Volkswagen Passat TDI peuvent utiliser des mélanges de biodiesel pour fonctionner.
Le bioéthanol s’adresse plus aux moteurs à essence. Il provient de la fermentation de plantes sucrières ou à base d’amidon, comme la canne à sucre ou le maïs. Un exemple de véhicule utilisant ce type de carburant est la Ford Focus Flexifuel, compatible avec le E85.
Enfin, le biogaz, composé majoritairement de méthane et de CO2, est issu de la méthanisation de déchets organiques. Il sert à la production d’électricité, de chaleur, ou comme carburant pour certains véhicules. Un exemple de voiture utilisant le gaz naturel comprimé (CNG) comme carburant, nous pouvons en citer : la Volkswagen Caddy Ecofuel. Lancée au début des années 2000, cette voiture est toujours en production.
Où acheter des biocarburants ?
Les biocarburants sont distribués de plus en plus largement dans les stations-service traditionnelles, souvent mélangés avec les carburants fossiles. Le bioéthanol, sous forme de E85 ou de SP95-E10, se trouve dans un grand nombre d’enseignes disposant de cuves dédiées et de pompes adaptées. Le E85 est un mélange de 85 % de bioéthanol et 15 % d’essence. Le SP95-E10 est un mélange de 10 % de bioéthanol et 90 % d’essence.
En ce qui concerne le B20 ou le B100, ces types de biodiesel peuvent être moins répandus. Ils sont généralement disponibles dans les stations spécialisées. Le B20 contient 20 % de biodiesel et 80 % de diesel traditionnel, le B100 étant du pur biodiesel.
En parallèle, de plus en plus de pompes de gaz naturel distribuent aussi du bioGNV, biogaz utilisable comme carburant, issu de la méthanisation de déchets organiques.
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Les biocarburants : quels avantages
Réduction des gaz à effet de serre
Les biocarburants représentent un levier crucial pour décarboner le secteur de transport. Bien qu’ils libèrent du dioxyde de carbone en brûlant, ce gaz est en partie absorbé par les plantes lors de leur croissance. On parle de neutralité carbone où les plantes ont stocké autant de CO2 qu’il n’en est rejeté à l’utilisation.
Contrairement aux énergies fossiles qui augmentent la concentration de CO2 dans l’atmosphère, les agrocarburants aident à limiter le réchauffement climatique. Ils améliorent la qualité de l’air en réduisant les émissions de polluants atmosphériques nocifs pour la santé.
Réduction de la dépendance aux combustibles fossiles
Les biocarburants offrent une source d’énergie renouvelable permettant de réduire la dépendance aux importations de pétrole. Produits localement à partir de matières premières agricoles ou de déchets, ils contribuent à diversifier les sources d’approvisionnement énergétique. Ils renforcent la sécurité énergétique.
Création des filières de valorisation des déchets
La production de biocarburants à partir de déchets (huiles usagées, résidus agricoles…) permet de les valoriser utilement au lieu de les stocker ou les incinérer. Cette approche contribue à atténuer les problèmes liés à l’enfouissement des déchets, comme la pollution de l’eau ou de l’air.
Développement rural
Les biocarburants ont leur rôle dans le développement rural. Leur production nécessite souvent des cultures spécifiques, créant ainsi de nouvelles opportunités économiques dans les régions agricoles. Cette dynamique peut mener à la création d’emplois, stimuler l’économie locale, et offrir un nouveau marché pour les agriculteurs.
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Quid des inconvénients ?
Production non neutre en carbone du biocarburant
Le cycle de production du biocarburant, incluant l’éthanol et d’autres formes, n’est pas complètement sans émissions de CO2. Du début à la fin, les processus comme la culture et la transformation libèrent du dioxyde de carbone. Les émissions indirectes dues à l’agriculture et au transport doivent être considérées pour évaluer l’impact environnemental réel.
Coût élevé en matière de production des biocarburants
La matière première nécessaire à la production des biocarburants, telle que l’huile pour le biodiesel ou les cultures pour l’éthanol, impacte le coût de production. Ce dernier est souvent supérieur à celui des combustibles fossiles, comme le gazole ou l’essence. Dans cette filière d’énergie renouvelable, les recherches se concentrent sur la réduction de ces prix. Sauf que les nouvelles technologies utilisées augmentent la facture.
Problème de concurrence avec la production alimentaire
Les biocarburants peuvent empiéter sur les terres agricoles destinées à l’alimentation. Ils soulèvent donc des questions quant à la sécurité alimentaire. L’augmentation de la demande pour des matières premières comme les céréales ou les huiles végétales peut aussi influencer les prix sur les marchés mondiaux. Le recours à des biocarburants de nouvelles générations, issus de biomasses non alimentaires, pourrait atténuer cette pression. En attendant, cette situation impacte les prix des produits alimentaires et pose des défis aux filières agricoles traditionnelles.
Encore quelques défis technologiques à relever
Les biocarburants actuels font face à des défis technologiques, notamment dans le développement de méthodes de production plus efficaces et moins coûteuses. La recherche se concentre sur l’amélioration des procédés de fabrication et sur l’exploitation de sources de biomasse plus diversifiée et plus efficace. Ces avancées se tournent vers les déchets non alimentaires et les nouvelles cultures renouvelables.
Problème lié au stockage et transport du biocarburant
Un autre inconvénient notable des biocarburants concerne leur stockage et leur transport. L’éthanol, par exemple, est sensible à l’humidité et se dégrade rapidement que les combustibles fossiles traditionnels. Cette caractéristique pose des défis importants en matière de logistique et de conservation.
En France et dans d’autres pays qui utilisent déjà cette solution innovante, le transport du biocarburant sur de longues distances accroît son empreinte carbone. Et cela diminue les avantages environnementaux initiaux. Qui plus est, les moteurs des véhicules doivent souvent être adaptés ou spécialement conçus pour utiliser efficacement ces carburants. Cela entraîne des coûts supplémentaires tant pour les consommateurs que pour les constructeurs.
Performance et efficacité du véhicule réduite en hiver
L’utilisation de biocarburants, notamment l’éthanol, dans les voitures peut être moins efficace en hiver. Cette baisse de performance est un enjeu important pour le bilan global des agrocarburants, car elle peut affecter l’efficacité énergétique des véhicules durant les mois froids.
Quelles perspectives pour les biocarburants ?
En faisant le bilan de ces nouvelles ressources d’énergie, on constate que leur rôle dans la décarbonisation du secteur des transports est fondamental. Elles présentent, certes, des défis comme la concurrence avec les cultures alimentaires et les impacts écologiques liés à la conversion des sols. L’utilisation des biocarburants de deuxième ou troisième génération permet de minimiser ce conflit entre nourriture ou besoins énergétiques.
Par ailleurs, plusieurs pays redoublent d’efforts pour développer des agrocarburants plus durables. Cela donne lieu à des projets ambitieux. Parmi lesquels le recours aux biocarburants dans l’aviation. Cette initiative s’inscrit toujours dans l’objectif de réduire au mieux les émissions de gaz à effets de serre liés à notre mobilité. La France s’engage activement dans cette direction, visant 50 % de substitution de kérosène d’ici 2050.
Il est clair que les biocarburants ne soient pas un remède parfait. Cependant, leur potentiel en tant que solution renouvelable et moins polluante aux combustibles fossiles est indéniable. Leur avenir dépendra de notre capacité à équilibrer les besoins écologiques, économiques et sociaux dans une optique de développement durable.