Le bonus écologique est essentiel pour rendre les véhicules électriques plus accessibles. Il aide à réduire leur coût d’achat, souvent plus élevé que celui des modèles thermiques. Au fil des ans, ce dispositif a évolué pour mieux répondre aux enjeux environnementaux et industriels. En 2025, de nouvelles règles viennent le durcir davantage. Bien que ces changements visent à soutenir l’industrie européenne, ne risquent-ils pas de limiter l’accès aux voitures électriques pour certains consommateurs ?
Sommaire :
Une réforme du score environnemental pour exclure les marques chinoises
Cette aide gouvernementale a toujours été un levier pour encourager l’adoption des véhicules électriques. Et elle n’a cessé d’évoluer pour s’adapter aux enjeux environnementaux et aux défis industriels. En 2023, une première réforme importante a introduit le score environnemental. Ce dispositif visait à exclure les modèles à forte empreinte carbone, souvent produits en dehors d’Europe. Il suffisait alors que le moteur et la batterie soient assemblés sur le Vieux Continent pour qu’un véhicule soit éligible au bonus.
En 2025, les règles évoluent encore. Dès le 1ᵉʳ janvier, le montant maximal du bonus écologique baisse à 4 000 euros, contre 7 000 euros auparavant. Cet ajustement a pour objectif de concentrer les aides sur les ménages à revenus modestes. De plus, il tend à privilégier les véhicules les plus respectueux des critères environnementaux.
Alors que nous sommes encore au mois de janvier, voilà qu’une nouvelle réforme modifie les critères d’éligibilité liés. Comme en confirme l’arrêté publié au Journal Officiel le 24 janvier 2025.
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Un changement en un seul mot pour le bonus écologique
Le cœur de cette réforme repose sur un mot clé : le passage du « site d’assemblage » au « site de fabrication ». Ce changement, bien que résumé en un seul terme, transforme profondément les conditions d’accès au bonus écologique. Désormais, seules les voitures intégralement fabriquées en Europe peuvent en bénéficier. Ce critère impose que toutes les étapes de production soient réalisées localement : de l’emboutissage des pièces à la peinture, jusqu’à l’assemblage final.
Pourquoi cette réforme a-t-elle été mise en place ? Elle vise à contrer des pratiques abusives. Certains constructeurs, notamment chinois, importaient des véhicules en kits préassemblés pour les assembler rapidement en Europe. Leurs véhicules peuvent ainsi profiter du bonus écologique. De plus, cette stratégie leur permet de limiter leur implication dans la production locale. Avec ces nouvelles règles, ces pratiques ne suffisent plus. Dorénavant, l’Ademe (Agence de la transition écologique) évalue le score environnemental de chaque modèle selon des exigences plus strictes.
Outre ces pratiques, le contexte économique et environnemental a joué un rôle central. Pour contrer la montée des marques chinoises, les autorités françaises ont décidé de durcir les règles. Ce renforcement soutient les constructeurs locaux tout en poussant les marques étrangères à relocaliser leur production en Europe.
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Quels modèles sont exclus et qui restent éligibles ?
Sans conteste, ce durcissement des règles impacte fortement le marché. Pour contourner les règles jusqu’ici en vigueur, certains constructeurs ont adopté des stratégies bien rodées. C’est notamment le cas de Leapmotor, en partenariat avec Stellantis, pour la citadine T03. Cette voiture, fabriquée en Chine, était importée sous forme de kits puis assemblée en Europe dans une usine polonaise.
Bien que cette méthode ait permis à la T03 de prétendre au bonus écologique pendant un temps, elle est aujourd’hui exclue. Il en va de même pour la Dacia Spring, la Tesla Model 3 ou la MG4. La production majoritairement asiatique et les assemblages minimaux en Europe ne suffisent plus pour répondre aux exigences du nouveau score environnemental.
En revanche, plusieurs modèles produits localement restent éligibles. La Peugeot 208 (Espagne), la Renault Mégane (France) et les Volkswagen ID.3 et ID.4 (Allemagne) figurent parmi les gagnants de cette réforme. Certaines marques asiatiques, comme Toyota et Hyundai, conservent également leur éligibilité grâce à des sites de production en Europe. Une exception notable est la Mazda MX-30. Même si elle est assemblée au Japon, cette voiture répond aux critères grâce à des efforts significatifs sur son empreinte carbone et son transport.
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Quels enjeux pour l’industrie automobile européenne ?
En exigeant une production locale, le gouvernement français espère soutenir les constructeurs européens et réduire l’empreinte carbone des véhicules électriques. Cette réforme vise aussi à encourager la relocalisation des usines en Europe, contribuant à la souveraineté industrielle et à la création d’emplois.
Pour les fabricants basés en Europe, cette réforme du bonus écologique représente à la fois un défi et une opportunité. Des groupes comme Renault, Volkswagen ou Stellantis investissent déjà dans des gigafactories pour produire des batteries localement. Ils réduisent ainsi leur dépendance à la Chine. Ces efforts leur permettent de s’aligner sur les nouvelles exigences et de rester compétitifs.
De leur côté, certains constructeurs étrangers revoient leurs plans, avec des projets d’usines en Europe, comme BYD en Hongrie ou MG en Espagne. La période transitoire, qui s’étend jusqu’au 7 avril 2025, donne aux constructeurs un temps d’adaptation. Toutefois, elle souligne la nécessité de trouver un équilibre entre ambition écologique et accessibilité économique.
Ces changements ne sont pas sans conséquence pour les consommateurs. La réduction du nombre de modèles éligibles limite les options abordables. Cette situation pourrait freiner l’adoption des véhicules électriques, particulièrement chez les ménages aux budgets modestes.