Le malus écologique, cette taxe appliquée aux véhicules polluants, poursuit son durcissement progressif. Introduit en 2008 avec un seuil de 161 g/km de CO2, il n’a cessé d’évoluer pour atteindre des niveaux de plus en plus contraignants. En 2025, ce dispositif fiscal va encore connaître des changements majeurs. On vous explique !
Sommaire :
Quels sont les changements clés du malus écologique en 2025 ?
En 2025, le seuil d’émission de CO2 pour être redevable du malus sera abaissé de 118 g/km à 113 g/km. Cette baisse de 5 grammes peut sembler minime, mais elle aura des répercussions importantes sur le marché automobile. En effet, cela signifie que davantage de véhicules seront taxés, y compris des modèles qui étaient précédemment exemptés.
Les montants à payer vont évidemment augmenter pour chaque gramme supplémentaire de CO2. Le plafond du malus grimpe alors de 60 000 euros à 70 000 euros pour les véhicules émettant plus de 193 g/km de CO2. Cette augmentation de 10 000 euros vise particulièrement les véhicules les plus polluants.
Pour illustrer cette évolution, prenons l’exemple de la Peugeot 208 essence. Cette citadine émettait jusqu’ici assez peu de CO2 pour éviter un malus. Pourtant, elle sera frappée d’une taxe de 125 euros à partir de 1er janvier 2025. De même, la Renault Clio TCe 90 verra son malus passer de 50 euros à 170 euros, soit une augmentation de 250 %.
Ces modifications soutiennent la stratégie gouvernementale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le pouvoir public estime donc que le meilleur moyen serait d’encourager les conducteurs à choisir des modèles moins polluants.

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Y a-t-il de nouvelles mesures pour les véhicules hybrides ?
Les véhicules hybrides ne sont pas épargnés par ce nouveau malus. Dès l’année prochaine, les hybrides rechargeables, jusque-là exonérés sous certaines conditions, devront se contenter d’un abattement réduit à 200 kg. Quant aux hybrides non rechargeables, ils perdront leur abattement de 100 kg. À moins que leur moteur électrique délivre une puissance nette d’au moins 30 kW, soit environ 40 ch.
Par ces ajustements, le gouvernement français entend renforcer l’efficacité écologique des véhicules. Il aspire également à ce que les constructeurs améliorent les performances environnementales de leurs modèles hybrides, rechargeables ou pas.
Quid du malus au poids ?
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le terme, le malus au poids encourage la fabrication et l’achat de véhicules plus légers. Par cette dernière, on fait référence aux modèles qui consomment moins de carburant et émettent moins de CO2.
Cette taxe va aussi s’endurcir. En 2024, elle concernait les véhicules de plus de 1 600 kg, mais dès 2026, ce seuil passera à 1 500 kg. Cette modification affectera davantage de véhicules, notamment les SUV.

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Quelles sont les répercussions pour les consommateurs et les constructeurs ?
Les nouvelles règles du malus écologique affectent directement le portefeuille des consommateurs. L’exemple du Renault Captur est parlant : son malus doublera presque en 2025, passant de 351 à 695 euros. Face à ces hausses, certains pourraient garder leur ancien véhicule plus polluant, allant ainsi à l’encontre des objectifs environnementaux. Le leasing social offre, certes, une solution aux ménages modestes pour accéder aux véhicules électriques. Toutefois, la baisse du bonus écologique prévue en 2025 risque de freiner cette transition.
Ce durcissement fiscal touche autant les fabricants automobiles. La pression fiscale accrue rend, en effet, la production de certains véhicules thermiques plus coûteuse. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, parle même de « double peine » pour les constructeurs. Il affirme : « Je ne pense pas que ce soit une bonne mesure. Elle n’arrange personne, ni les citoyens ni les entreprises. Je comprends que ça fait des recettes fiscales supplémentaires, mais je pense aussi que l’automobile a déjà fait preuve de beaucoup de générosité en matière de création de recettes fiscales. À force de charger les constructeurs automobiles, ils finiront un jour par mettre un genou à terre. »
Luca de Meo a, lui aussi, évoqué une taxe excessive. « Si 80 % des voitures sont taxées, ça devient une taxe révolutionnaire ! » déclare-t-il. Le CEO de Renault s’inquiète des conséquences que cette charge aura sur la viabilité de certains modèles et sur la compétitivité de son entreprise.
L’impact se fait déjà sentir sur le terrain. Une concession Renault près de Rennes prévoit une chute de 44 % des ventes de certains modèles thermiques. Cela s’expliquerait par la hausse des taxes et des prix.

Comment le gouvernement réagit-il à ces critiques ?
Par l’intermédiaire du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, le gouvernement a rappelé que ces mesures visent la transition écologique et la réduction des émissions de CO2. Sur France Inter, il évoque toutefois la possibilité d’ajustements lors des débats parlementaires. Le but étant de trouver un compromis entre l’engagement environnemental et le soutien à l’industrie.
Il a déclaré : « La contrainte qu’on a sur le budget, c’est de faire 60 milliards d’économies. Et dans ces 60 milliards, on peut trouver des équilibres différents, un peu moins de malus, mais aussi ça doit être compensé par des réductions de dépenses un peu plus fortes sur d’autres aspects. »
Dans la même optique, le ministre de l’Économie Antoine Armand assure que le débat parlementaire pourrait affiner les paramètres du malus automobile.Il a insisté sur le fait que ce budget est « toujours perfectible » et a été élaboré « dans des délais extrêmement brefs ». Cela laisse donc entendre que des modifications sont encore possibles pour concilier les enjeux industriels et environnementaux.
Quelle serait donc la meilleure alternative pour les consommateurs et constructeurs automobiles ?
Face à l’alourdissement du malus écologique, les fabricants automobiles doivent réinventer leur offre en misant sur les véhicules électriques et hybrides. L’enjeu est double : proposer des solutions moins polluantes à des prix abordables grâce à l’innovation technologique. L’avenir de l’industrie dépendra, en effet, de leur capacité à proposer des véhicules écologiques et financièrement accessibles.
Pour les acheteurs, il est essentiel de bien évaluer les différentes options (neuf, occasion, leasing social) avant de faire un choix. De même, il faut aussi tenir compte de leurs implications financières (malus, bonus).
En vidéo, TF1 Info explique la situation et pourquoi le renforcement du Malus :






