En 2015, le moteur 1.2 PureTech du groupe Stellantis (anciennement PSA) a reçu le titre de « Moteur de l’année ». Malgré cette distinction prestigieuse, cette mécanique a suscité de nombreuses plaintes de la part des automobilistes. Un groupe Facebook rassemblant 4,7 k membres, « Réagir ensemble moteur 1.2 PureTech », fait état des problèmes rencontrés avec cette motorisation. La question se pose donc : est-il encore intéressant d’acheter une auto équipée de ce bloc en 2024 ?
Sommaire :
Comment fonctionne, concrètement, le moteur 1.2 PureTech ?
Avant d’aborder les pannes soulevées, ce serait mieux si l’on essaie d’abord de comprendre son fonctionnement technique. Le moteur 1.2 PureTech est un moteur 3-cylindres conçu pour répondre aux normes antipollution Euro 6 en 2012. Il vient aussi pourremplacer les anciens moteurs e-THP atmosphériques du groupe. Dans sa version la plus courante en France, il développe une puissance de 130 chevaux.
Cette mécanique se distingue par son système de distribution par courroie immergée dans l’huile à moteur. C’est ce que l’on appelle une « courroie humide ». Cette conception offre, du moins, sur le papier, plusieurs avantages. Le bain d’huile réduit les frottements et augmente la longévité de la courroie. De plus, il diminue le bruit de la distribution comparé à une chaîne métallique. Par ailleurs, il facilite le refroidissement et la lubrification de la courroie.
Pour synchroniser les mouvements des arbres à cames et du vilebrequin, des pignons ou des poulies entraînent la courroie. Son principal rôle est d’ouvrir et fermer les soupapes d’admission et d’échappement, soit en parfaite harmonie avec le mouvement des pistons. Sans cette synchronisation, les soupapes et les pistons entreraient en collision, ce qui peut finir par causer une casse du bloc.
En théorie, le concept de la courroie trempé dans l’huile semblait prometteur. Cependant, cette solution s’est avérée problématique dans la pratique. Au fil du temps et des kilomètres parcourus, le caoutchouc de la courroie se dégrade au contact de l’huile à moteur. Cette dernière, diluée par les résidus de combustion du carburant, devient chimiquement agressive pour la courroie.
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Quel est le véritable problème du bloc moteur entravant sa fiabilité ?
Les conséquences de cette dégradation sont multiples. La courroie commence à se déliter, libérant de minuscules particules de caoutchouc dans le circuit de lubrification. Ceux-ci vont s’accumuler et obstruer la crépine, soit le filtre qui se trouve à l’entrée de la pompe à huile. Sans une bonne lubrification, le moteur manque de pression d’huile. En conséquence, cela engendre une usure accélérée des pièces mécaniques et un risque élevé de surchauffe.
Dans les cas les plus graves, la courroie de distribution peut se rompre complètement. Cela va désynchroniser les arbres à cames et le vilebrequin, conduisant à une casse irréparable du moteur. Il faudra le changer. De plus, certains composants critiques comme le turbocompresseur souffrent du dysfonctionnement du circuit d’huile. Conçus pour fonctionner à haute température et à haute vitesse, les turbos nécessitent une lubrification parfaite sous peine de casse prématurée.
La détérioration de la courroie peut aussi causer d’autres soucis. Parfois, des résidus obstruent la pompe à vide, entraînant une perte d’assistance au freinage et augmentant les distances de freinage. C’est un véritable danger pour la sécurité routière.
Les propriétaires de voitures équipées du moteur 1.2 PureTech ont signalé plusieurs pannes. Cela inclut des pertes de puissance soudaines, l’allumage intempestif des voyants de pression d’huile et de diagnostic moteur. Certains accusent une surconsommation anormale d’huile à moteur. Ce souci est souvent lié à un défaut du déshuileur ou des segments de piston.
Face à l’ampleur de ces problèmes, de nombreux automobilistes ont dû subir des réparations coûteuses, voire remplacer complètement le bloc. Ce qui impacte lourdement leur budget automobile.
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Qui sont les voitures concernées par ce souci ?
Plusieurs marques du groupe Stellantis ont adopté le moteur 1.2 PureTech. Lancé en 2012, ce bloc 3-cylindres turbocompressé a d’abord équipé les Peugeot 208 et 308. Il s’est ensuite généralisé auprès des autres produits des marques Peugeot, Citroën, DS Automobiles, Opel, et même chez Jeep.
Chez Peugeot, les modèles équipés du 1.2 PureTech incluent :
- Citadines : 208
- Compactes : 308
- SUV/Crossovers: 2008, 3008, 5008
- Ludospaces/Monospaces : Rifter, Partner
Du côté de Citroën :
- Citadines : C3, C3 Aircross
- Compacte : C4, C4 Cactus
- Ludospaces/Monospaces : C4 SpaceTourer, Berlingo
Pour la marque premium DS :
- Citadine premium : DS3
- Compact premium : DS4
- SUV premium : DS3 Crossback
Chez Opel, après le rachat par PSA en 2017, les voitures concernées sont :
- Citadine : Corsa
- SUV/Crossovers: Crossland X, Grandland X, Mokka
Enfin, chez Jeep, les mêmes soucis touchent aussi l’Avenger commercialisé en France.
Au total, des centaines de milliers, voire des millions de véhicules à travers l’Europe, embarquent ce bloc 1.2 PureTech. Les nombreux soucis rapportés concernent le plus les versions 1.2 turbo de 130 ch.
Il est vrai que ces différentes pannes n’affectent pas systématiquement toutes les voitures équipées du 1.2 PureTech. Néanmoins, les retours négatifs sont suffisamment nombreux pour nuire sérieusement à sa réputation de fiabilité. Sous la pression croissante des automobilistes mécontents et face à une possible action en justice, Stellantis a dû réagir.
Quelle est la réponse de Stellantis face à ce scandale ?
Stellantis a dû lancer de vastes campagnes de rappel pour tenter de résoudre les multiples défaillances constatées.
Rappel massif des voitures concernées
La première vague de rappels a débuté en novembre 2020, ciblant près de 220 000 véhicules en France. L’objectif était de contrôler et, si nécessaire, remplacer la courroie de distribution en cas d’usure prématurée. Stellantis reconnaissait que des résidus de la courroie pouvaient obstruer la pompe à vide, compromettant l’assistance au freinage.
Deux ans plus tard, soit fin 2022, un nouveau rappel a concerné près de 250 000 automobiles supplémentaires. Ce rappel s’adresse plus aux voitures produites entre avril 2017 et fin 2018 chez Peugeot, Citroën et DS. En plus de remplacer la courroie, une mise à jour du calculateur moteur était nécessaire pour améliorer le diagnostic du système d’assistance au freinage.
Différentes réparations proposées
Pour les véhicules rappelés, plusieurs réparations sont proposées en fonction de la gravité des dommages :
- Contrôle approfondi de la pompe à huile et renouvellement, si nécessaire ;
- Remplacement de l’électrovanne de la pompe à huile en cas de dysfonctionnement ;
- Remplacement de la vis creuse du turbocompresseur si des dommages étaient constatés…
Cependant, ces interventions se sont souvent révélées insuffisantes pour régler durablement les problèmes.
Nouvelle génération du bloc 1.2 PureTech
Face à la persistance des soucis, Stellantis a annoncé une troisième génération du 1.2 PureTech pour 2023. Celle-ci abandonne le système de distribution par courroie immergée au profit d’une chaîne de distribution conventionnelle, qui s’avère plus fiable.
Extension de garantie
Pour les voitures des générations 1 et 2 déjà en circulation, Stellantis a mis en place une extension de garantie. Elle va désormais jusqu’à 10 ans ou 175 000 km, sous condition d’un entretien rigoureux suivant les préconisations du constructeur. Cependant, cette extension n’est valable que pour les réparations effectuées dans le réseau agréé Stellantis. Elle n’est pas non plus rétroactive pour les clients ayant déjà payé des réparations avant son entrée en vigueur.
Quelle a été la réaction des clients ?
Malgré ces efforts, de nombreux clients estiment que le groupe multinational franco-italo-américain a mis du temps pour reconnaître l’ampleur des défaillances. De même pour proposer des solutions durables. Les solutions restent particulièrement insuffisantes pour les propriétaires dont la garantie constructrice a expiré après 6 ans ou 100 000 km. Un collectif de plus de 4 800 plaignants a ainsi vu le jour pour réclamer une meilleure prise en charge financière.
En vidéo, la réaction des clients :
La version 130 du 1.2 PureTech : succès ou déboire ?
armi les différentes versions du moteur 1.2 PureTech, celle qui développe 130 ch est la plus courante. Elle est également celle qui rencontre le plus de problème. Les avis des propriétaires sont partagés quant à sa fiabilité réelle.
Certains automobilistes affirment n’avoir connu aucun souci majeur avec cette motorisation. Ils prétendent qu’ils ont scrupuleusement respecté les préconisations d’entretien du constructeur. Notamment en ce qui concerne les vidanges d’huile régulières et le changement anticipé de la courroie de distribution.
Cependant, de nombreux autres témoignages rapportent des pannes à répétition et des réparations coûteuses. Ces problèmes semblent être directement liés aux défauts de conception de ce bloc 3-cylindres downsizé.
Comparé aux motorisations des concurrents, le moteur 1.2 PureTech affiche un net déficit en termes de fiabilité et de durabilité. Ce constat est particulièrement dommageable, car ce bloc équipe souvent des véhicules d’entrée de gamme, supposés être abordables à l’usage. À titre illustratif, des moteurs similaires comme les 3-cylindres 1.0 EcoBoost de Ford ou 1.0 TSI de Volkswagen semblent avoir une meilleure longévité et une réputation de fiabilité plus solide. Du moins, c’est ce que laissent penser les avis utilisateurs en ligne.
Cependant, il faut nuancer ce constat : même les blocs les plus robustes peuvent connaître des défaillances. Surtout, lorsqu’il y a des défauts de conception ou un manque d’entretien. De plus, les constructeurs ne publient pas généralement les données chiffrées sur les taux de panne de leurs véhicules.
Le nouveau moteur 1.2 PureTech 130 ch : un pari risqué pour les acheteurs ?
Stellantis a annoncé la substitution de la courroie baignant dans l’huile par une chaîne de distribution sur la 3e génération du 1.2 PureTech. Cette solution est censée résoudre le problème récurrent, sauf que son efficacité reste à confirmer sur le terrain.
La mauvaise réputation du moteur 1.2 PureTech a eu un impact très négatif sur la valeur de revente des automobiles concernées. De nombreux propriétaires rencontrent de réelles difficultés pour trouver des acquéreurs intéressés par leur voiture sur le marché d’occasion. Les acheteurs potentiels craignent de tomber sur un bloc défectueux nécessitant des réparations coûteuses. De plus, ils redoutent de se retrouver avec une voiture invendable après.
Même au sein des réseaux de concessionnaires Stellantis, les reprises de voitures 1.2 PureTech d’occasion s’avèrent compliquées. Les professionnels doivent les décoter fortement par rapport aux modèles équivalents dotés de moteurs plus fiables. Seuls les garages indépendants et spécialistes de l’occasion semblent encore prêts à racheter ces véhicules. Néanmoins, ils proposent des prix très bas, bien en dessous de leur valeur théorique.
En fin de compte, l’achat d’une auto équipée du moteur 1.2 PureTech 130 ch représente un pari risqué. Avant de se lancer, on vous recommande vivement de bien vous renseigner sur l’historique complet d’entretien du véhicule convoité. Faire appel à un expert automobile pour réaliser un audit approfondi de la mécanique peut être une démarche judicieuse.
Il nous semble difficile de recommander l’achat d’une voiture, neuve ou d’occasion, équipée de cette motorisation controversée. À moins d’obtenir des garanties supplémentaires de la part de Stellantis ! La décision finale vous appartient entièrement.