La prime à la conversion est conçue pour encourager le remplacement des véhicules polluants. Malheureusement, elle disparaîtra à compter du 1er janvier 2025 d’après ce que le ministère de l’Économie a communiqué le 14 novembre dernier. Cette décision suscite des interrogations parmi les automobilistes et les acteurs du marché automobile. Pourquoi supprimer un dispositif plébiscité ?
Sommaire :
La prime à la conversion : un levier clé de la transition écologique
La prime à la conversion puise ses origines dans la « prime à la casse », instaurées en 1995 sous le gouvernement d’Édouard Balladur. Initialement, son objectif était de stimuler l’industrie automobile en incitant les particuliers à remplacer leurs véhicules de plus de 10 ans par des modèles neufs. Bien que temporaire, cette mesure a prouvé son efficacité et a été réintroduite plusieurs fois, adaptée aux priorités du moment.
En 2008, dans un contexte de crise économique, la « prime à la casse » refait donc surface. Son montant, d’abord fixé à 1 000 euros, grimpe jusqu’à 10 000 euros en 2015 pour les véhicules électriques. À cette période, réduire les émissions de gaz à effet de serre et moderniser le parc automobile deviennent des priorités.
En 2015, la « prime à la casse » évolue pour devenir la prime à la conversion, avec un objectif clairement écologique. Ce nouveau dispositif vise à réduire la pollution atmosphérique en mettant au rebut les véhicules les plus polluants (Crit’Air 3 et plus). Destinée aux ménages modestes, cette aide concernait les véhicules diesel immatriculés avant 2011 ou essences avant 2006. En échange, les bénéficiaires pouvaient acheter un véhicule électrique, hybride ou Crit’Air 1. La prime, calculée en fonction des revenus, variait entre 1 500 et 5 000 euros.
Plus d’un million de véhicules anciens ont été remplacés grâce à ce dispositif, entre 2018 et 2022. Les modèles mis à la casse étaient majoritairement des diesels (75 %), âgés en moyenne de 19 ans. Parmi les nouveaux véhicules acquis, 66 % étaient électriques ou à hydrogène. Malgré ces résultats, le dispositif n’a pas freiné le vieillissement du parc automobile français. Entre 2016 et 2024, l’âge moyen des voitures est passé de 9,9 à 11,2 ans. Ce qui a probablement soulevé des questions quant à son efficacité à long terme.
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Pourquoi le gouvernement supprime-t-il la prime à la conversion en 2025 ?
Selon un porte-parole du ministère de l’Économie, « le gouvernement confirme mettre en extinction le dispositif de prime à la conversion, qui repose sur une condition de dépose d’un véhicule polluant, pour se concentrer sur le bonus écologique. ». La suppression de la prime à la conversion s’inscrit donc dans un contexte de rigueur budgétaire. En 2024, cette aide représentait une dépense de 150 millions d’euros, alors que l’enveloppe globale dédiée aux aides automobiles atteignait 1,5 milliard d’euros. Pour 2025, ce budget sera réduit à 1 milliard d’euros.
La coexistence de multiples dispositifs d’aides (prime à la conversion, bonus écologique, leasing social) a complexifié les démarches des automobilistes. C’est en recentrant les efforts sur un nombre réduit d’aides que l’on puisse rendre les dispositifs plus accessibles et plus cohérents. Cela dit, le gouvernement privilégie désormais le bonus écologique, compris entre 4 000 et 7 000 euros selon le revenu du foyer. Il estime que cette aide reste le levier principal pour accélérer l’électrification du parc automobile en France.
Quelle conséquence pour les automobilistes et le marché automobile ?
La suppression de la prime à la conversion aura des impacts majeurs, notamment sur les ménages modestes et le secteur automobile. La prime à la conversion offrait un soutien crucial pour les foyers souhaitant remplacer un véhicule ancien. En son absence, beaucoup pourraient se tourner vers des modèles d’occasion thermiques, moins chers, mais plus polluants.
Cela risque de freiner l’adoption des véhicules électriques, malgré le maintien du bonus écologique. En 2022, 59 % des bénéficiaires de la prime avaient opté pour un véhicule électrique. Sans ce coup de pouce financier, les ventes de ces modèles pourraient ralentir, au risque d’inverser la tendance de croissance observée ces dernières années.
Face à la baisse des aides publiques, les constructeurs sont contraints d’ajuster leurs stratégies. Ils devraient proposer des offres promotionnelles ou des modèles à moindre coût. Cela représente un défi, surtout dans un contexte où la concurrence internationale s’intensifie.
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Quelles alternatives après 2025 ?
Malgré la disparition de la prime à la conversion, plusieurs dispositifs restent disponibles pour accompagner la transition vers une mobilité plus durable.
Le bonus écologique
Le bonus écologique reste le principal outil pour inciter les ménages à adopter des véhicules électriques. Cependant, des ajustements budgétaires pourraient réduire son montant à partir de 2025, ce qui limiterait son attractivité.
Le leasing social
Ce dispositif permet aux ménages modestes de louer un véhicule électrique pour environ 100 euros par mois. S’il constitue une alternative intéressante, il ne permet pas de devenir propriétaire du véhicule, ce qui peut freiner certains foyers.
Les certificats d’économie d’énergie
Le gouvernement travaille sur l’élargissement des certificats d’économie d’énergie (CEE) pour financer des actions liées à la mobilité durable. Cependant, ces aides restent principalement orientées vers les entreprises et ont un impact limité pour les particuliers.
Une transition écologique en suspens alors ?
La suppression de la prime à la conversion pourrait ralentir le renouvellement du parc automobile. Cela risque de compliquer l’atteinte des objectifs climatiques fixés par l’Union européenne, notamment la réduction des émissions de CO₂ d’ici 2050.
Sans incitations financières significatives, beaucoup d’automobilistes risquent de conserver leurs véhicules polluants plus longtemps. Cela pourrait affecter la qualité de l’air, notamment dans les zones urbaines déjà touchées par la pollution. Les foyers modestes, souvent dépendants de leur véhicule pour des raisons professionnelles ou géographiques, pourraient être les plus pénalisés. Cela soulève des questions sur l’équité des politiques de transition écologique.
Le gouvernement mise sur le bonus écologique et le leasing social pour continuer à soutenir les ménages. Ces alternatives devront néanmoins être renforcées pour compenser l’absence de la prime. Il appartient donc à tous les acteurs (État, entreprises, citoyens) de trouver des solutions pour maintenir le cap vers un avenir plus vert.
En vidéo, la nouvelle qui a choqué la France :