Renault et Geely viennent d’officialiser leur coentreprise dédiée aux moteurs thermiques. Baptisée Horse Powertrain Limited, cette nouvelle entité marque une étape importante dans la stratégie du constructeur français. Elle aidera les deux groupes à surmonter les défis de la décarbonation du transport routier. Quels sont donc les enjeux et les ambitions de ce nouvel acteur ? On vous dit tout.
Sommaire :
Horse Powertrain Limited, un nouvel acteur
Horse Powertrain Limited est une société détenue à parts égales, chacun possédant 50 % des parts, par les groupes Renault et Geely. Elle a été officiellement créée le 31 mai 2024 après l’approbation des autorités compétentes. Elle fait également suite à l’accord initial signé en juillet 2023. Le choix de Londres comme siège social n’est pas anodin. Il symbolise la volonté d’internationalisation de l’entreprise.
À la tête de cette coentreprise, Matias Giannini, un expert reconnu issu du groupe Continental, assurera la direction générale. Daniel Li, directeur général de Geely Holding, prend, quant à lui, les rênes du conseil d’administration. Cette équipe de choc aura pour mission de concevoir, produire et commercialiser une gamme complète de moteurs, transmission et batterie pour véhicules thermiques et hybrides.

VOIR AUSSI : Pourquoi les constructeurs chinois font-ils si peur ?
Structure et organisation de Horse Powertrain
Horse Powertrain Limited peut compter sur une équipe impressionnante dès son lancement. L’entreprise emploie environ 19 000 salariés, répartis sur 17 sites de production et 5 centres de recherche. Elle prévoit même un chiffre d’affaires annuel d’environ 15 milliards d’euros et une production de 5 millions de groupes motopropulseurs par an.
La gouvernance de l’entreprise reflète l’équilibre parfait entre les deux partenaires. Le conseil d’administration est composé de six membres, dont trois administrateurs provenant de chaque groupe. Cette parité garantit une prise de décision équilibrée et une vision stratégique commune.
Côté Geely, on retrouve Daniel Li, Jerry Gan (DG de Geely Auto Group) et Joe Zhang (Directeur financier de Geely Holding). François Provost (Directeur des achats, partenariats et affaires publiques), Gilles Le Borgne (Directeur de l’ingénierie) et Denis Le Vot (DG de Dacia et Directeur logistique) représentent le constructeur français.
VOIR AUSSI : La marque chinoise Xpeng défie Tesla et part à la conquête de l’Hexagone
Enjeux et motivations du partenariat
Pourquoi Renault et Geely décident-ils d’unir leurs forces, le français comptant 106 000 salariés et le chinois employant 130 000 salariés ? La réponse est, pourtant, simple : faire face aux défis de demain. Dans un contexte où la décarbonation est le maître-mot, les deux constructeurs ont compris que seule l’union fait la force. Ensemble, ils visent un effet d’échelle immédiat et une meilleure couverture de marché mondial.
Si l’électrification progresse rapidement, ils restent persuadés que les moteurs thermiques et hybrides devraient encore représenter la majorité des ventes d’ici 204. Cette estimation concerne notamment les pays en dehors de l’Europe et de la Chine. C’est pourquoi ils espèrent réaliser des économies d’échelle dans ce segment.
Luca de Meo, le directeur général de Renault, ne cache pas du tout son enthousiasme : « Ce partenariat avec Geely nous permettra de développer des technologies de motorisation à très faible émission, essentielles pour l’avenir. » Affirme-t-il. Le président de Geely Holding, Eric Li, souligne l’importance des synergies mondiales et du partage d’expérience pour atteindre la neutralité carbone.
Cette coentreprise se veut aussi complémentaire avec les autres activités des deux groupes. Renault se développe parallèlement dans l’électrique via sa filiale Ampère et ses marques Renault et Alpine. De son côté, Geely possède un large portefeuille de marques et coentreprises comme Volvo, Zeekr, Smart, Polestar ou Lotus.

Contexte et perspectives
Horse Powertrain Limited s’inscrit dans un contexte particulier, marqué par le détricotage de l’alliance historique entre Renault, Nissan et Mitsubishi. Désormais, chacun travaille sur ses propres projets, avec des partages ponctuels de technologies ou de fabrication. Nissan et Mitsubishi compteront d’ailleurs parmi les premiers clients de Horse.
À l’avenir, la coentreprise pourrait s’ouvrir à d’autres acteurs du secteur automobile. Luca De Meo a même évoqué la possibilité d’intégrer des spécialistes pour compléter la chaîne de valeur. Le but étant de maîtriser l’ensemble de la construction des moteurs. Il s’intéresse particulièrement dans la conception des échappements et des injections.
Même à son début, Horse Powertrain Limited veut devenir le leader mondial des moteurs hybrides et thermiques. Son ambition étant de couvrir 80 % d’un marché qui, malgré l’essor des blocs électriques, continue de croître. Forte de 9 clients répartis dans 130 pays, l’entreprise franco-chinoise dispose déjà d’une présence mondiale pour soutenir la transition énergétique du transport routier.
En ce qui concerne l’innovation, Horse ne compte pas faire les choses à moitié. Elle s’intéresse également aux carburants alternatifs comme le méthanol vert, l’éthanol et l’hydrogène. Cette diversification devrait lui assurer une place de leader sur le marché mondial des groupes motopropulseurs hybrides et thermiques.
Le début d’une nouvelle ère
La naissance de Horse Powertrain Limited marque le début d’une nouvelle ère dans l’industrie automobile. Ce géant franco-chinois, fruit de l’alliance entre Renault et Geely, est bien plus qu’une simple coentreprise. C’est un pari audacieux sur l’avenir du moteur thermique, soit une réponse pragmatique aux enjeux de la transition énergétique. Cependant, avec des objectifs ambitieux et une vision claire, Horse s’apprête à redéfinir les standards de l’industrie. Il reste à voir comment ce nouvel acteur naviguera dans les eaux tumultueuses de la mobilité du futur.






