Les constructeurs chinois ne cessent de gagner des parts de marché, au point d’inquiéter sérieusement leurs rivaux occidentaux et japonais. Plusieurs raisons expliquent cette ascension fulgurante. Nous allons les décrypter dans cet article.
Sommaire :
Une cadence de conception imbattable
Les marques automobiles chinoises se démarquent avant tout par leurs cycles de conception de produits extrêmement courts. Là où leurs concurrents mettent 4 à 5 ans à développer un nouveau modèle, les Chinois n’en prennent que 1 à 2 ans maximum. Cette cadence leur permet donc de lancer sans cesse de nouveaux véhicules, toujours plus innovants. Comme en témoignent les voitures chinoises intégrant rapidement les dernières avancées technologiques. Des avatars 3D aux systèmes de conduite autonome, en passant par l’intégration avec les réseaux sociaux, elles regorgent d’options ultramodernes.
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Une domination sur le créneau des véhicules électriques
Sans doute, c’est sur le créneau des véhicules électriques que les Chinois impressionnent le plus. En profitant de la tendance vers l’électrification, ils occupent désormais les premières places mondiales. BYD, le fleuron chinois, a même détrôné Tesla en 2023 pour devenir le premier producteur mondial de voitures électriques.
L’Empire du Milieu a vendu 45 % des véhicules électriques neufs en 2024, contre 25 % en Europe et 11 % aux États-Unis. Cet avantage considérable permet aux constructeurs chinois de dominer leur marché domestique. Justement, la première étape de l’offensive chinoise fut de supplanter les marques occidentales sur le marché local. Cette conquête s’est déroulée dans un climat de guerre des prix féroce. Les géants japonais, allemands et américains sont relégués à une position secondaire en matière de parts de marché en Chine.
Des performances à la hausse année après année
Les chiffres sont éloquents. En 2023, la Chine est devenue le premier exportateur automobile mondial, surpassant l’Allemagne et le Japon. Les constructeurs chinois battent des records de production et de ventes, tant sur leur immense marché intérieur qu’à l’international. Leurs exportations ont bondi de 58 % en 2023. Ce dynamisme leur a permis de s’affirmer comme des poids lourds incontournables face aux géants historiques.
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Une guerre des prix pour tout conquérir
En parlant du prix, on sait tous que l’arme fatale des constructeurs chinois demeure les prix bradés de leurs voitures électriques. Ils n’hésitent même pas à les casser pour gagner davantage de parts de marché. Leur objectif étant d’acquérir 10 % minimum de parts de marché en Europe d’ici 2030.
Prenons le cas du crossover BYD Atto 3. Ce VE est vendu à peu près 20 000 euros en Chine. Son prix grimpe pourtant à environ 40 000 euros en Allemagne. Même à des tarifs doublés, les Chinois restent toujours très compétitifs face aux offres européennes et américaines.
Ajoutez à cela une qualité de production qui s’est considérablement améliorée ces dernières années. Et vous obtenez la combinaison gagnante pour séduire les acheteurs particuliers comme professionnels à la recherche de modèles électriques abordables et innovants.
Une accélération fulgurante de l’innovation
L’argent n’est pas le seul carburant de cette offensive chinoise. L’innovation occupe, elle aussi, une place de choix, portée par des investissements massifs en R&D. En quelques années, les marques locales ont ainsi comblé leur retard. Ils ont même pris l’avantage sur les Occidentaux dans des domaines clés comme l’électrification, l’intelligence artificielle ou la conduite autonome. Les constructeurs chinois veulent surtout séduire les consommateurs avec toujours plus d’expériences inédites et de fonctionnalités de dernier cri.
Des coûts de main-d’œuvre et fabrication très faibles
L’un des principaux atouts des constructeurs chinois réside dans leurs coûts de production particulièrement bas. D’une part, ils bénéficient de savoir-faire industriels très robotisés et d’une main-d’œuvre peu coûteuse. D’autre part, en maîtrisant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, de la production des batteries aux composants électroniques, ils amortissent considérablement leurs coûts. Le résultat ? Des modèles électriques « made in China » proposés à des prix défiants toute concurrence à l’achat. Comme l’illustre le BYD Seagull vendu à peine 10 000 euros dans son pays d’origine.
L’offensive sur les marchés étrangers
Forts de ces avantages en matière de coûts, les constructeurs chinois se montrent alors très offensifs sur les marchés étrangers. Pendant que d’autres visent le segment prometteur des véhicules électriques abordables, certains se lancent dans le créneau des VE haut de gamme.
Leur objectif étant le même, c’est de conquérir rapidement des parts de marché importantes à l’international. Pour cela, ils lancent de nouveaux modèles et implantent des usines de production dans des pays cibles comme l’Espagne et la Hongrie. Grâce à cette stratégie, ils peuvent contourner les barrières douanières et proposer des tarifs toujours plus compétitifs.
Un soutien massif de l’État chinois par les subventions
Le véritable levier de cette compétitivité-prix résiderait aussi dans l’appui massif de Pékin aux constructeurs automobiles locaux. Entre aides directes, allègements fiscaux et investissements publics colossaux, le soutien de l’État leur permet de pratiquer une stratégie de dumping. C’est-à-dire, ils vendent leurs voitures à perte.
Selon certaines estimations, les subventions publiques chinoises pour le secteur automobile dépasseraient les 50 milliards d’euros sur 10 ans. Un avantage que les constructeurs privés occidentaux ne peuvent rivaliser, au point de dénoncer une concurrence déloyale.
Quelle conséquence pour l’industrie automobile ?
Face à ce déferlement, de nombreux spécialistes anticipent des conséquences dramatiques pour les fabricants traditionnels. Les premières menacées ? Leurs parts de marché, qui devraient s’effriter rapidement. En Chine, les groupes occidentaux ont déjà chuté sous la barre des 50 % des ventes. Une tendance qui pourrait se répéter ailleurs dans le monde.
Cette situation pourrait aussi entraîner une spirale négative : baisse des volumes, hausse des coûts, réduction des investissements, et retard technologique croissant. Un cercle vicieux qu’il semble difficile à briser sans une réaction forte et rapide.
Un autre dommage collatéral serait la menace pour des centaines de milliers d’emplois, notamment en Europe. En Allemagne, les syndicats parlent de « millions » de pertes. Le Japon, dont l’économie dépend largement de l’industrie automobile, fait face à un avenir tout aussi incertain.
Un véritable séisme social se profile si aucune riposte n’est engagée à temps. Les leaders mondiaux bénéficient encore d’une avance technologique. Ils commencent toutefois à douter de leur capacité à résister sans revoir intégralement leurs modèles économiques. Abaisser drastiquement les coûts de production serait la seule solution viable, mais à quel prix ? Seul l’avenir nous le dira !
Entre fusions, restructurations massives et délocalisations, l’industrie traditionnelle vacille sous les assauts chinois. Seuls les constructeurs plus agiles et réactifs s’en sortiront indemnes, mais rien n’est garanti.