Apple l’avait promis en grande pompe dès 2022. CarPlay Ultra allait transformer l’iPhone en véritable tableau de bord numérique, capable de contrôler tous les écrans et fonctions d’une voiture. Pourtant, deux mois après son lancement officiel en mai 2025, le système peine à convaincre. De nombreux constructeurs ont pris leurs distances. BMW vient même d’annoncer officiellement qu’il n’intégrera pas CarPlay Ultra. Quels sont les raisons de ce rejet croissant, les enjeux industriels en jeu, et les alternatives que mettent en place les marques automobiles ? Réponses dans les lignes suivantes.
Sommaire :
Apple CarPlay Ultra : une promesse ambitieuse
CarPlay Ultra, lancé en mai 2025 après plusieurs retards, propose bien plus qu’une simple extension de l’iPhone à l’écran central d’une voiture. Il s’agit d’une interface immersive qui prend en charge :
- L’ensemble du tableau de bord (compteurs, navigation, instrumentation)
- Les fonctions internes du véhicule (climatisation, sièges chauffants, caméra, radio)
- Un design homogène, directement inspiré de l’univers Apple
Présenté à la WWDC 2022, CarPlay Ultra devait équiper des modèles de 14 constructeurs dès son lancement. Néanmoins, seuls Aston Martin et Porsche semblent maintenir leur engagement ferme. Et parmi les autres constructeurs cités à l’origine, nombreux sont ceux qui ont changé d’avis ou laissé le projet en suspens.

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BMW tourne le dos à CarPlay Ultra, mais garde CarPlay classique
Dans une déclaration relayée par BMW Blog, un porte-parole du constructeur allemand a été clair : « BMW n’a actuellement aucun projet d’intégration de CarPlay Ultra ». C’est la première fois que la marque affiche aussi fermement son refus du nouveau système d’Apple, présenté comme une évolution majeure de l’expérience embarquée.
Une décision motivée par iDrive X
Cette décision s’inscrit dans une stratégie déjà amorcée. BMW travaille activement sur iDrive X. Une refonte de son propre système, dévoilée au CES 2025. Elle sedestine à équiper les futurs modèles Neue Klasse, à commencer par le BMW iX3, prévu pour 2026. Le constructeur précise que CarPlay standard restera pris en charge, mais sera limité à l’écran central, à l’inverse de CarPlay Ultra. En effet, celui-ci exploite toutes les surfaces d’affichage disponibles dans un véhicule.
Le refus de CarPlay Ultra n’est donc pas un rejet d’Apple dans son ensemble, mais plutôt une volonté de préserver la maîtrise de l’interface et de l’expérience utilisateur.
Le cas particulier de BMW : un précédent révélateur
BMW n’en est pas à son premier bras de fer avec les géants du numérique. Le constructeur allemand est connu pour sa prudence lorsqu’il s’agit d’intégrer des solutions externes. Par exemple, son système BMW OS 9 repose sur Android Automotive OS,. Il n’intègre aucun service Google, à la différence d’autres marques comme Volvo ou Renault.
Cela montre une volonté constante de préserver son autonomie technologique, tout en utilisant des briques logicielles standards. Le refus de CarPlay Ultra s’inscrit donc dans une cohérence stratégique, renforcée par les efforts continus sur iDrive et l’investissement massif dans la plateforme Neue Klasse.

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Une résistance motivée par des enjeux stratégiques
Pourquoi tant de marques tournent-elles le dos à CarPlay Ultra ? Ce rejet massif ne tient pas à des questions purement techniques. Cela est plutôt causé par des enjeux de souveraineté technologique, économique et concurrentielle :
- Perte de contrôle de l’interface : en intégrant CarPlay Ultra, les constructeurs doivent céder une partie de leur interface embarquée à Apple. Or, dans une ère où le logiciel devient central, notamment pour les voitures électriques et connectées, cette concession est perçue comme stratégique.
- Risque de dilution de l’identité de marque : chaque constructeur souhaite aujourd’hui proposer une expérience numérique unique. Confier le design et les fonctionnalités à Apple reviendrait à standardiser l’expérience automobile, réduisant la différenciation entre modèles.
- Maîtrise des données : même si Apple assure ne pas collecter de données personnelles via CarPlay Ultra, cette promesse ne suffit pas à rassurer tous les constructeurs. Ces derniers veulent garder le contrôle des données générées à bord, qu’il s’agisse d’habitudes de conduite ou d’usages multimédias.
- Sources de revenus à préserver : avec la montée des services connectés et des options payantes, l’écran de bord devient une vitrine commerciale stratégique. Permettre à Apple de prendre la main sur cette interface, c’est renoncer à une partie de ces revenus potentiels.
L’ironie d’un revirement généralisé
L’histoire aurait pu être différente. En 2022, de nombreuses marques s’étaient montrées enthousiastes à l’idée d’un CarPlay nouvelle génération. Mercedes, Volvo, Audi ou Renault figuraient sur la liste des partenaires officiels publiée par Apple. Cependant, comme nous le voyons, la dynamique a radicalement changé.
Un dirigeant de Renault aurait même lancé à Apple : « N’essayez pas de pirater nos systèmes », selon des propos rapportés par la presse spécialisée. Une formule choc qui illustre l’état d’esprit actuel des constructeurs européens, résolus à reprendre la main sur leur avenir logiciel.

Et pour les utilisateurs Apple ?
La bonne nouvelle pour les utilisateurs d’iPhone est que CarPlay « classique » reste largement disponible. Même les marques ayant rejeté CarPlay Ultra, comme BMW, continueront à offrir une intégration limitée, mais fonctionnelle.
Les fonctions de base comme Apple Maps, Spotify, Waze ou les appels mains libres resteront accessibles via l’écran central. En revanche, il faudra faire une croix sur les fonctionnalités étendues de CarPlay Ultra. À mentionner le contrôle du véhicule, l’affichage sur les compteurs, la gestion de la climatisation, etc.
Le rêve se heurte à une réalité industrielle complexe
Apple espérait imposer CarPlay Ultra comme le nouveau standard du cockpit numérique. Cependant, face à la montée des enjeux logiciels, à la pression de la concurrence chinoise et à la recherche de nouvelles marges via les services connectés, les constructeurs préfèrent garder la main.
BMW, en rejetant clairement l’intégration de CarPlay Ultra, symbolise cette volonté de souveraineté numérique. Pour Apple, l’adoption s’annonce lente, fragmentée, et probablement réservée à quelques partenaires haut de gamme. Le véritable verdict, cependant, viendra des utilisateurs : s’ils réclament massivement CarPlay Ultra, les constructeurs devront peut-être revoir leur position.






