Étonnamment, certaines des voitures les plus célèbres et novatrices ont été vendues à perte. Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Dans l’industrie automobile, innover peut coûter très cher, pour plusieurs raisons. Des marques investissent dans de nouvelles technologies onéreuses pour montrer leur savoir-faire. D’autres créent des modèles exceptionnels pour améliorer leur image. Parfois, c’est pour respecter les règles sur la pollution qui deviennent plus strictes. Certains modèles ouvrent aussi la voie à de futures voitures plus rentables, dans une vision à long terme. Voici notre liste des 14 voitures vendues à perte.
Sommaire :
Lexus LFA (2010 – 2012)
Toyota a passé plus d’une décennie dans le développement de la Lexus LFA, une voiture de sport japonaise d’exception. Son moteur V10 de 4,8 litres, développant 552 chevaux, ne manquait pas d’enthousiasmer les passionnés grâce à sa sonorité enivrante. Malgré cela, le constructeur nippon perdait plus de 100 000 dollars par exemplaire vendu. Cette perte s’explique par la production limitée à 500 exemplaires et l’utilisation de matériaux onéreux, notamment la fibre de carbone pour le châssis. L’objectif principal était de démontrer l’expertise technique de la marque et de rehausser le prestige de Lexus.
Bugatti Veyron (2005 – 2015)
La Bugatti Veyron, avec son moteur W16 quadriturbo de 8 litres, est l’une des voitures les plus rapides et luxueuses jamais produites. Pour atteindre ses performances record, les coûts de développement et de production étaient astronomiques. Cette voiture aurait coûté à Volkswagen près de 6 millions d’euros par unité pour un prix de vente d’environ 1,5 million. Une perte considérable, mais qui a pourtant solidifié la réputation de Bugatti comme constructeur de supercars ultimes.
VOIR AUSSI : Quelle est la voiture la plus chère du monde ? Top 10 !
Volkswagen Phaeton (2002 – 2016)
La Phaeton, voulue par Ferdinand Piëch pour concurrencer les berlines de luxe, s’est avérée un gouffre financier. Non seulement elle était trop chère à produire, mais s’est aussi mal positionnée sur le marché. Néanmoins, elle a permis à Volkswagen d’acquérir une expertise précieuse dans le haut de gamme. Le constructeur allemand perdait entre 20 000 et 30 000 euros pour chaque voiture vendue. À cause de cette perte, il a dû arrêter de fabriquer la Phaeton en 2016, après seulement 14 années de commercialisation.
Renault Vel Satis (2001 – 2009)
Avec la Vel Satis, Renault voulait créer une nouvelle référence française dans le segment haut de gamme. Malgré des qualités indéniables, son style décalé et son positionnement flou ont mené à un échec commercial. Les ventes décevantes, combinées à des coûts de fabrication élevés, auraient engendré un déficit d’environ 18 710 euros par véhicule pour Renault. Face à ces résultats, le constructeur a mis fin à la production en 2009, seulement six ans après son lancement.
VOIR AUSSI : Top 10 des plus belles voitures du monde !
Jaguar X-Type (2001 – 2009)
Le X-Type représentait l’ambition de Jaguar de conquérir le segment des berlines compactes de luxe. Cependant, ce pari s’est avéré risqué, car la voiture s’est heurtée à plusieurs obstacles. Son prix élevé et son manque de caractère distinctif par rapport aux autres modèles Jaguar ont nui à son positionnement. Bien que basé sur la plateforme de la Ford Mondeo, l’ajout d’équipements luxueux a gonflé ses coûts de production.
Face à des rivales prestigieuses comme la BMW Série 3 et l’Audi A4, la X Types a peiné à séduire les acheteurs. Ses ventes n’ont jamais atteint les objectifs fixés, déclinant progressivement jusqu’à l’arrêt de sa production en 2009. On estime que chaque Jaguar X Types vendue aurait entraîné une perte d’environ 4 690 euros pour le constructeur britannique.
Renault Laguna (troisième génération : 2007 – 2015)
La troisième génération de la Renault Laguna, lancée en 2007, s’est révélée être un investissement désastreux pour le constructeur français. Ce modèle aurait coûté à Renault la somme colossale de 1,54 milliard d’euros. Il devient alors l’un des plus grands échecs financiers de la marque.
Plusieurs facteurs ont contribué à ce revers. Tout d’abord, son design manquait cruellement de personnalité, ne parvenant pas à séduire une clientèle à la recherche d’une voiture distinctive. De plus, cette nouvelle Laguna a hérité de la mauvaise réputation de fiabilité de sa devancière. Malgré une production qui s’est étalée sur huit ans, de 2007 à 2015, seuls 351 384 exemplaires ont trouvé preneur.
Smart Fortwo (première génération : 1997 – 2006)
La Smart FortTwo, avec son concept novateur de citadine ultra-compacte, a marqué les esprits dès son lancement. Cependant, malgré l’enthousiasme qu’elle a suscité, cette petite voiture urbaine s’est longtemps avérée être un flop pour son constructeur. Daimler aurait perdu environ 4 470 euros par véhicule vendu. Les coûts élevés de développement et de production pour un véhicule si innovant expliquent clairement cette perte.
Cela n’a pourtant pas découragé le groupe qui a persisté. Daimler est convaincu du potentiel à long terme des voitures ultra-compactes dans un monde de plus en plus urbanisé. Cette vision paraît judicieuse, la FortTwo devenant progressivement une référence dans son segment.
Peugeot 1007 (2004 – 2009)
La Peugeot 1007, avec ses portes coulissantes innovantes, visait à révolutionner le segment des minispaces. Cependant, ce pari audacieux s’est soldé par un échec coûteux. Malgré son design original, la 1007 a souffert d’un espace intérieur limité et de problèmes techniques, notamment avec sa boîte robotisée.
Par ailleurs, les ventes n’ont jamais décollé face à sec rivaux comme la Citroën C3 Picasso ou la Renault Kangoo. Peugeot n’a pu écouler que 124 100 exemplaires en quatre ans, loin des 130 000 unités annuelles espérées. En conséquence, chaque voiture vendue aurait entraîné un déficit estimé à 15 380 euros. Confrontée à un tel échec, la marque au lion décide de mettre fin à la production de 1007 en 2009.
Mercedes-Benz A-Class (première génération : 1997 – 2004)
La première génération de la Mercedes Classe A, lancée entre 1997 et 2004, a été un pari risqué pour la marque allemande. Malheureusement, ce modèle n’a pas répondu aux attentes élevées de Mercedes. Sa finition était en deçà des standards de la marque, et elle n’était ni confortable, ni silencieuse, ni agréable à conduire. En plus de cela, elle a souffert de problèmes de fiabilité.
Bien qu’elle ait trouvé plus d’un million d’acheteurs en sept ans, chaque vente aurait généré une perte estimée à 1 440 euros. Loin de se décourager, Mercedes a lancé une deuxième génération en 2004, plus luxueuse, mais moins vendue. Cette persévérance a finalement porté ses fruits. Aujourd’hui, à sa quatrième itération, la Classe A est devenue un modèle phare de la marque.
Audi A2 (2000 – 2005)
L’Audi A2 est un exemple fascinant de voiture innovante qui n’a pas rencontré le succès espéré. Malgré ses qualités, chaque A2 vendue faisait perdre environ 7 530 euros à Audi, pour une perte totale estimée à 1,3 milliard d’euros. Pourquoi un tel échec ? Cette voiture était en avance sur son temps avec sa carrosserie en aluminium, légère et résistante.
Ce choix de conception a, toutefois, rendu sa fabrication très coûteuse comparée aux voitures classiques en acier. Pour compenser, Audi a dû vendre l’A2 à un prix élevé, ce qui a freiné les acheteurs potentiels. De plus, elle avait quelques inconvénients : un espace intérieur limité, surtout à l’arrière, et des moteurs peu puissants. Ces caractéristiques ne correspondaient pas aux attentes de nombreux clients, en particulier les familles.
Chevrolet Volt (2011 – 2019)
La Chevrolet Volt, première génération, a marqué l’histoire de l’automobile électrique. Lancée en 2011, cette pionnière de l’hybride rechargeable a suscité autant d’enthousiasme que de débats. GM Motors a produit environ 175 000 Volt jusqu’en 2019. Des rumeurs ont circulé sur les pertes potentielles, allant jusqu’à 49 000 dollars par véhicule selon certaines sources.
Le prix de vente, étant fixé à 39 995 dollars, semblait bien en deçà des coûts de production estimés. Cette différence a alimenté les spéculations sur la rentabilité du projet. Le constructeur a, cependant, contesté ces estimations. Il souligne qu’elles ne prenaient pas en compte le cycle de vie complet du modèle et la répartition des coûts de développement. Étant donné que les ventes n’ont pas atteint les objectifs initiaux, cela entraînait plusieurs suspensions de production.
BMW i3 (2013 – 2022)
Produite entre 2013 et 2022, la BMW i3 a été une pionnière dans le domaine des véhicules électriques. Malgré ses succès technologiques et son innovation, la production de la i3 a entraîné des pertes financières importantes pour BMW, principalement en raison des coûts élevés des matériaux comme la fibre de carbone et l’aluminium. Ce ne sont pas moins de 250 000 unités qui ont été vendues, mais chaque voiture coûtait bien plus à produire qu’à vendre.
Fiat 500e (2013 : première génération)
Lancée en 2013, la Fiat 500e incarnait l’entrée de la marque italienne dans l’ère électrique. Mignonne et branchée, elle semblait promise à un bel avenir. Pourtant, les chiffres racontent une autre histoire.
Chaque Fiat 500e vendue aurait fait perdre entre 7 000 et 10 000 euros à Fiat. Pourquoi ? Des coûts de production élevés, principalement dus à la batterie, ont gonflé son prix de vente. Ajoutez à cela une autonomie limitée à 145 km et un réseau de recharge encore rare.
De plus, la citadine italienne a eu du mal à s’imposer face à la Renault Zoé. Seules 42 000 unités se sont vendues avant l’arrêt de sa production en 2020. Toutefois, Fiat semble avoir retenu la leçon et décide de lancer une nouvelle 500e, plus performante, en 2020. Preuve que même les échecs peuvent être instructifs dans l’industrie automobile.
Nissan Leaf (2010 – 2017)
La Nissan Leaf, lancée en 2010, est une pionnière dans le monde des voitures électriques pour le grand public. Malgré son succès apparent avec plus de 400 000 ventes en 2019, chaque Leaf vendue représentait en réalité un flop pour Nissan. Fabriquer la Leaf coûtait très cher, principalement à cause de sa batterie au lithium-ion et de sa technologie de pointe. De plus, les premiers modèles avaient une autonomie limitée, ce qui inquiétait les acheteurs potentiels. Le manque de bornes de recharge n’arrangeait pas les choses.
Pour attirer plus de clients, Nissan a dû baisser les prix, ce qui a encore réduit ses profits. Malgré ces difficultés financières, la Leaf a joué un rôle crucial : elle a permis à son constructeur de devenir un leader dans le domaine des voitures électriques. Elle a aussi contribué à populariser ce type de véhicule dans le monde entier.
Ces voitures vendues à perte nous rappellent que l’innovation a un prix. Elles témoignent également de l’audace des constructeurs et de leur volonté de repousser les limites. Même si parfois cela se fait au détriment de leur rentabilité à court terme.