Cette année, un véritable séisme a touché l’industrie automobile, habituellement associée à des valeurs de sécurité et de fiabilité. En effet, nous avons vu émerger des scandales retentissants et des bouleversements majeurs. Ceux-ci ont ébranlé même les marques les plus établies. Entre rappels massifs, fraudes et bad buzz, ces événements révèlent les défis colossaux auxquels le secteur doit faire face. Tout cela dans le but de rester compétitif et répondre aux attentes croissantes des consommateurs. Sans plus attendre, découvrez le top 10 faits marquants et scandales de l’industrie auto en 2024
Sommaire :
Jaguar : son rebranding choc et le bad buzz de l’année
Jaguar, icône de l’élégance automobile, joue son avenir en misant tout sur une stratégie électrique audacieuse. Cette transition s’est accompagnée d’un changement radical d’identité visuelle. Le félin emblématique a été remplacé par un logo doré minimaliste.
Cependant, c’est la publicité phare qui a déclenché la polémique. Un clip de 30 secondes, sans voiture, sur fond rose, mettant en scène des mannequins dans un décor futuriste. Il a été jugé trop éloigné des valeurs traditionnelles de Jaguar. Le hashtag #BoycottJaguar a rapidement émergé, exprimant un mécontentement unanime. Ce n’est pas seulement l’industrie automobile qui a réagit, mais toutes les instances qui connaissaient de près ou de loin la marque.
Bien que la visibilité de la marque ait augmenté de 10 %, les ventes ont chuté d’autant, illustrant un malaise profond face à ce changement brutal. À se dire que les consommateurs veulent simplement s’informer sur cette transition historique. Ils se tourneraient plus vers d’autres constructeurs pour acheter leur voiture. À voir si cette rupture avec 100 ans d’histoire s’avèrera payante.
En vidéo, une explication de la situation de Jaguar :
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Scandale de certifications frauduleuses au Japon
En juin 2024, un scandale de certifications frauduleuses a éclaté au Japon. Celui-ci impliquait Toyota, Honda, Mazda, Suzuki et Yamaha. Ces géants ont admis avoir falsifié des tests pour obtenir la certification de 38 modèles. Cet aveu a alors provoqué une suspension des ventes de six d’entre eux.
Les répercussions financières ont été sévères. Toyota a perdu 2 900 milliards de yens en capitalisation boursière. Mazda et Honda ont vu leurs actions chuter respectivement de 9 % et 6 %. « Les investisseurs hésitent à acheter ces titres. Ils craignent de nouvelles révélations », reconnaît Tomoichiro Kubota, de Matsui Securities. Une enquête a révélé 174 irrégularités remontant à 1989. Nul doute que ceci jette une ombre sur l’ensemble de l’industrie automobile japonaise.
Ci-dessous, certains modèles concernés par ces certifications :
Rappel massif chez BMW
BMW a lancé l’un des rappels les plus importants de son histoire, touchant 1,5 million de véhicules dans le monde. Ce rappel vise à corriger un défaut critique du système de freinage. En France, ce rappel concerne 54 000 BMW et 10 000 Mini fabriquées entre juin 2022 et le 9 août 2024. Les modèles produits après cette période ne présentent pas ce défaut. Par ailleurs, la livraison des véhicules concernés, mais encore non remis aux clients a été suspendue jusqu’à ce que les réparations nécessaires soient effectuées.
Ce problème reflète une crise plus large dans le secteur automobile allemand, en proie à des tensions entre constructeurs et sous-traitants. La baisse des ventes en Chine et une marge opérationnelle réduite aggravent la situation.
Scandale Dieselgate de BMW
Retour en 2015, lorsqu’un scandale majeur éclate. Volkswagen, leader de l’industrie automobile allemande, est accusé d’avoir manipulé à grande échelle les tests antipollution. Le constat : des émissions jusqu’à 40 fois supérieures aux normes autorisées sur 11 millions de véhicules. Ce scandale, connu sous le nom de Dieselgate, a entraîné de lourdes sanctions contre Volkswagen, Audi et même Mercedes. BMW, en revanche, avait jusque-là échappé à des accusations similaires.
Cependant, une enquête récente des autorités allemandes a été ouverte sur les modèles X3 20d produits entre 2010 et 2014. Cette investigation fait suite à un rapport de l’été 2023. L’organisme Deutsche Umwelt Hilfe (DUH) a affirmé avoir identifié un dispositif suspect. Certains modèles X3 équipés d’un moteur diesel 2,0 litres sont inculpés. Pour le moment, BMW n’a pas réagi à ces nouvelles allégations.
Les autorités allemandes enquêtent sur ces pratiques. Des documents internes suggèrent que BMW pourrait tenter de minimiser l’affaire. L’enseigne la qualifiant de défaut de production. Ce scandale pourrait d’ailleurs nuire à la réputation de la marque à l’Hélice, déjà fragilisée par les défis de l’électrification.
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Crise des équipementiers automobiles
L’avenir des usines automobiles en France et en Europe reste flou. Ces derniers mois, plusieurs sites français spécialisés dans la fabrication de pièces détachées ont été confrontés à des réductions d’activité. Certains même sont menacés de fermeture définitive, suscitant une vive inquiétude parmi les employés.
L’électrification du secteur automobile entraîne l’obsolescence de nombreuses pièces. Ceci impactant durement des activités telles que l’emboutissage et la fonderie. Au printemps 2024, l’usine MA France, située en Île-de-France et employant 280 salariés, a été placée en liquidation judiciaire. De son côté, l’usine Impériales Wheels, à Diors (Indre), a vu la production de la dernière jante en aluminium française s’arrêter le 18 juin. Aussi, 176 employés sont en attente de reclassement. Chez Schaeffler, on annonce 4 700 suppressions de postes en Europe.
L’Association européenne des fournisseurs automobiles (Clepa) révèle les chiffres. Le premier semestre 2024 a enregistré une perte de 32 000 emplois supplémentaires dans le secteur.
En vidéo, le cas de Valeo après Michelin et bien d’autres :
Scandale des moteurs PureTech de Stellantis
Le moteur PureTech, rebaptisé « Pure Toc », est aujourd’hui au cœur d’une controverse majeure. Sa courroie de distribution, initialement vantée comme innovante, s’avère défaillante. Un comble pour un bloc qui a été élu « moteur de l’année » de 2015 à 2018. Elle entraîne ainsi des pannes coûteuses et hautement dangereuses pour les propriétaires.
Près de 500 000 véhicules sont concernés dans le monde. Une action collective regroupe déjà 5 000 plaignants en France via la plateforme MyLéo.
Stellantis, accusé de délaisser ses clients, tarde à proposer une solution concrète, aggravant le mécontentement général. Le 25 octobre dernier, Stellantis devait présenter une proposition à l’avocat représentant les clients mécontents afin d’éviter une longue bataille judiciaire. Cependant, aucune avancée n’a été enregistrée.
Une visioconférence réunissant les plaignants et leurs avocats est prévue pour le 15 janvier 2025, avec pour objectif de confirmer le dépôt d’une plainte au pénal. Cette action pourrait également inclure des propriétaires de moteurs PureTech issus d’autres pays, élargissant ainsi la portée de l’affaire et la transformer en l’un des plus gros scandales de l’industrie automobile en 2024.
Découvrez en vidéo comment un client nargue même Stellantis jusqu’au Salon de l’Auto :
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Réduction des subventions pour les véhicules électriques
Dès février 2024, le Québec suspendra les subventions à l’achat de véhicules électriques et à l’installation de bornes de recharge. La raison : faute de fonds suffisants pour le programme Roulez Vert. L’annonce d’une réduction progressive des aides a incité de nombreux consommateurs à profiter des rabais avant leur baisse, entraînant des ventes record.
Concrètement, voici comment cela va se passer, au grand damne de la majorité. Dès janvier, les montants des subventions seront réduits. L’aide pour un véhicule électrique neuf passera de 7 000 $ à 4 000 $, et celle pour un hybride rechargeable à 2 000 $. Les aides sont amenées à disparaître complètement d’ici 2027.
Cette décision soulève des questions sur l’avenir de la transition énergétique. En parallèle, les consommateurs, confrontés à des coûts élevés, hésitent à adopter cette technologie encore onéreuse.
Cette vidéo démontre comment ces subventions étaient des arguments de vente pour les voitures électriques :
Toyota Industries falsifie des données de test de moteurs
Au début de l’année, Toyota a annoncé la suspension des livraisons de dix modèles diesel. Nous pouvons notamment citer le pick-up Hilux, le 4×4 Land Cruiser 300 et les SUV Fortuner et LX500d. Cette décision fait suite à des irrégularités découvertes dans la certification de leurs moteurs. Ces derniers étant fabriqués par Toyota Industries.
En juin 2024, le groupe a admis avoir manipulé certains tests d’homologation sur six modèles destinés au marché japonais. Cette révélation a immédiatement entraîné une baisse de 4 % du cours de Toyota Industries à la Bourse de Tokyo.
Bien que Toyota ait assuré que la sécurité des véhicules n’était pas compromise, cette annonce a terni son image. « Les clients n’ont pas besoin de cesser d’utiliser les véhicules immédiatement », indique l’enseigne. Toutefois, la situation a suscité des inquiétudes chez les consommateurs ainsi que des pertes financières importantes.
Record du niveau le plus bas en vente de voitures neuves en France
Le marché automobile français a enregistré son pire niveau depuis 1962. En novembre 2024, seulement 133 318 voitures neuves ont été immatriculées. Cela représente une baisse de 12,7 % par rapport à l’année précédente.
Cette crise, alimentée par l’incertitude économique et la réduction des aides étatiques, a également conduit à des licenciements massifs. Le 11 octobre 2024 marque une journée symbolique pour le déclin du secteur automobile en Europe. Stellantis a annoncé, dans la nuit, le départ prévu en 2026 de son directeur général, Carlos Tavares. S’en suivent alors plusieurs licenciements au sein de son comité exécutif. Cette réorganisation frappe le quatrième constructeur mondial, regroupant des marques emblématiques comme Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler et Jeep. Nous pouvons, encore une fois, y refléter un secteur en pleine tourmente.
Scandale des immatriculations et fraude derrière les garages fictifs
En juillet 2024, une entreprise automobile fictive s’est installée dans une petite ville du Val-d’Oise. Elle enregistrait alors plus de 5 000 véhicules en quelques jours. Des Porsche, des Audi, et même des poids lourds, tout y était. Sans locaux, salariés, ni véritable identité, cette société-écran servait à immatriculer frauduleusement des véhicules.
Les victimes ? Des personnes lambdas, comme un cadre commercial qui témoigne. En vacances, il reçoit l’appel d’un policier l’informant que plusieurs véhicules enregistrés à son nom. Malheureusement, ceux-ci sont impliqués dans des infractions graves, comme des braquages. Pourtant, notre cadre en région parisienne, ne possède à l’époque qu’un scooter. Victime d’usurpation d’identité, il découvre que l’État porte une part de responsabilité dans cette situation.
En effet, la privatisation du système d’immatriculation en 2017 a favorisé ce type de fraude massive. Elle laisse les préfectures et les forces de l’ordre submergées par des opérations fictives.
Comment cette fraude est un véritable fléau ? La réponse en vidéo :
Un revers de médaille pas très rassurant
L’année 2024 a révélé une facette troublante de l’industrie automobile. Innovation et quête de rentabilité s’entremêlaient parfois avec des scandales et des maladresses stratégiques. Alors que l’industrie s’engage dans une transition historique vers l’électrique et la durabilité, elle devra regagner la confiance des consommateurs. L’avenir de l’automobile dépendra de sa capacité à tirer des leçons de ces erreurs pour construire un modèle plus solide et crédible.