Si vous envisagez d’acquérir un véhicule électrique chinois dans les prochains mois, vous feriez mieux de vous dépêcher avant le 4 juillet. À partir de cette date, l’Union européenne prévoit d’augmenter considérablement les taxes douanières sur les importations de voitures électriques chinoises. Cette décision pourrait faire grimper leurs prix de plusieurs milliers d’euros sur le marché français.
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Une concurrence chinoise jugée déloyale par Bruxelles
Selon une enquête menée par la Commission européenne, la chaîne de valeur des véhicules électriques en Chine bénéficie de subventions déloyales de l’État. Celles-ci permettraient aux constructeurs chinois de proposer des prix très bas, menaçant l’industrie automobile européenne.
Bruxelles craint que les constructeurs européens ne puissent rester compétitifs. La part de marché des voitures électriques chinoises dans l’UE a considérablement augmenté. Elle est passée de 3 % à plus de 20 % en seulement trois ans.
Les consommateurs français ont largement profité de cette offre avantageuse. En 2022, près d’un véhicule électrique sur quatre vendu en France provenait de Chine. Parmi les modèles populaires, on peut citer la MG4, la BYD Atto 3 ou encore la Dacia Spring. Cette dernière étant la référence des citadines électriques low cost.
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La solution européenne : imposer des taxes douanières plus lourdes
Pour contrer cette concurrence jugée déloyale, Bruxelles envisage d’augmenter les droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine. Si aucun accord n’est trouvé avec Pékin d’ici le 4 juillet 2024, ces taxes, qui sont actuellement à 10 %, passeraient à :
- 38,1 % pour SAIC (marque MG).
- 20 % pour Geely (marque Lynk&Co)
- 17,4 % pour BYD
Sans doute, cette hausse des taxes entraînera une augmentation significative des prix. Prenons le cas du modèle MG4, qui coûte actuellement 29 990 euros. Le mois prochain, il pourrait voir son prix grimper à 38 390 euros. Le comble, c’est que cette augmentation affectera directement les consommateurs qui cherchent des options abordables pour adopter la mobilité durable.
Il faut dire que l’objectif principal de cette mesure est de protéger les constructeurs automobiles européens. En rendant les voitures chinoises plus chères, Bruxelles espère encourager les automobilistes à se tourner vers des modèles européens. Une décision qui tend aussi à soutenir l’industrie locale.
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Réactions et enjeux de cette décision
Certains voient cette mesure comme une façon de rendre les voitures européennes plus compétitives face aux modèles chinois. En réduisant l’écart de prix, les constructeurs européens peuvent mieux rivaliser sur le marché. Si le projet de la Commission européenne se concrétise, ils obtiennent un temps de répit pour se renforcer. Cela leur permet aussi de mieux résister à la concurrence à court terme. Ils pourront, entre autres, se concentrer sur l’innovation et la réduction des coûts.
D’autres s’inquiètent des répercussions pour les consommateurs. Si le coût des voitures électriques chinoises augmente, cela pourrait ralentir la transition vers une mobilité électrique.
Du côté des constructeurs, Carlos Tavares critique l’imposition de ces taxes. Il craint que cette mesure ne fasse que fragiliser les constructeurs européens face à la concurrence chinoise, qu’il juge très forte. Il appelle les marques européennes à se mobiliser pour faire face à cette « lutte darwinienne ».
Luca de Meo partage cette préoccupation et s’oppose aux mesures protectionnistes comme les taxes sur les importations. « Nous ne sommes pas favorables au protectionnisme, mais la concurrence doit être loyale », déclare-t-il. Le PDG de Renault propose plutôt une politique industrielle proactive pour promouvoir le secteur. Pour cela, il dit de prendre exemple sur les États-Unis et la Chine. Ces derniers ont, en effet, mis en place des politiques ambitieuses pour soutenir leurs industries automobiles.
Et que fait Pékin dans tout ça ?
La Chine n’est évidemment pas ravie de cette décision européenne, qu’elle juge injustifiée. Pékin envisage de porter plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De plus, il pourrait imposer des mesures de rétorsion contre les produits européens, notamment dans le secteur automobile.
Le gouvernement chinois songe à augmenter temporairement jusqu’à 25 % les droits de douane sur les importations des véhicules européens et américains. Cette mesure ne concernerait, néanmoins, que les voitures équipées de moteurs de plus de 2,5 litres.
Un risque de guerre commerciale plane, même si des négociations sont encore en cours pour trouver un compromis. La Chine pourrait accepter de diminuer ses subventions controversées en échange d’une baisse des nouveaux droits de douane.
Il est vrai que cette décision vise à protéger l’industrie automobile européenne. Elle pourrait, toutefois, se retourner contre les consommateurs. Alors, si vous projetez d’acheter une voiture électrique chinoise abordable, il vaut mieux vous hâter avant l’entrée en vigueur des nouvelles taxes européennes. Qui sait, peut-être c’est la dernière opportunité d’accéder à la mobilité durable à moindre coût. Il est trop tôt pour le dire.