Tout le monde connaît les Ferrari de route, leurs moteurs hurlant sur l’asphalte et leurs lignes immortelles. Mais très peu savent qu’au-delà des hypercars existe une autre sphère : celle des One-Off. Des Ferrari qui n’appartiennent qu’à un seul être, dessinées à la main et façonnées à Maranello. Ici, on les appelle Special Projects, la face la plus rare et la plus secrète du rêve Ferrari. Découvrez les Ferrari One-Off qui ont marqué l’histoire du Cheval cabré.
Sommaire :
Comprendre l’approche de Ferrari sur ses gammes d’hypercar
Avant d’aller plus loin, faisons d’abord un petit point sur la façon dont la marque au cheval cabré structure ses gammes. Car chez Ferrari, tout est une question d’échelle… et de rareté. À la base de la pyramide se trouvent donc les modèles Grand Tourisme, produits à plusieurs milliers d’exemplaires. Des voitures comme la Roma ou la 296 GTB, conçues pour être à la fois utilisables au quotidien et fidèles à l’esprit Ferrari.
Juste au-dessus se placent les étalons mécaniques, incarnés par la F8 Tributo ou la 812 Superfast. Leur production se limite souvent à quelques milliers d’unités. Néanmoins, leur caractère plus radical et leurs performances les rapprochent déjà de la compétition.
Puis viennent les séries spéciales, réservées aux clients les plus fidèles. Parmi elles, le 812 Competizione ou la 488 Pista, qui célèbrent la maîtrise technique et la relation privilégiée entre Ferrari et ses collectionneurs. Au-dessus encore, les Icona comme les Monza SP1/SP2 ou la Daytona SP3 réinventent les légendes du passé. Leur production est ultra-limitée, souvent à quelques centaines d’exemplaires seulement.
Et enfin, au sommet visible, trônent les hypercars. De véritables laboratoires roulants où Ferrari expérimente ses innovations les plus extrêmes. De la F40 à la LaFerrari, en passant par la récente F80, ces modèles incarnent la vitrine technologique du Cheval cabré.
Mais au-delà de ce sommet existe un étage encore plus exclusif. Un monde où la production ne se compte plus en centaines, ni même en dizaines, mais en unités uniques. Une seule voiture, pour un seul client. Et à Maranello, ce privilège porte un nom : Ferrari One-Off.

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Comment naissent les Ferrari One-Off ?
Chez Ferrari, certaines commandes vont bien au-delà de la personnalisation classique. Pour une poignée de clients triés sur le volet, la marque ouvre les portes de son programme Special Projects. C’est là que naissent les Ferrari One-Off.
Tout commence par le choix d’une base existante, souvent une 812 Superfast, une F8 Tributo ou une 488 GT3. En conservant une plateforme déjà homologuée, le constructeur de Maranello évite de relancer les tests structurels ou de sécurité. Elle peut ainsi se concentrer sur l’essentiel : le design. Une fois la base validée, le client présente un brief d’inspiration. Ce peut être une référence à un modèle historique, une idée de design ou simplement une émotion qu’il souhaite traduire en lignes et en volumes.
Mais ici, le client ne dicte rien puisque c’est toujours Ferrari qui garde la main. Le Centro Stile interprète alors ces envies dans le respect absolu de l’ADN de la marque. Les esquisses se transforment en maquette grandeur nature, où chaque courbe est ajustée au millimètre. Les ingénieurs reprennent ensuite le relais pour adapter les surfaces au châssis et valider l’aérodynamique en soufflerie virtuelle.
De la première idée au véhicule final, le processus dure entre 18 et 30 mois. Tout est assemblé à Maranello, dans les mêmes ateliers que les modèles de production, avec un soin quasi artisanal. Chaque voiture reçoit un badge unique et une documentation complète retraçant tout le processus de création. Et même si Ferrari ne parle jamais de prix, les estimations tournent autour de 2 à 5 millions d’euros, selon la base choisie et le niveau de travail. Depuis la première SP1 en 2008, Ferrari n’a produit qu’une vingtaine de One-Off. Dans les pages suivantes, découvrons celles qui ont marqué cette histoire exclusive.
Ferrari SP1 (2008)
La Ferra SP1 marque la naissance officielle du programme Special Projects. Réalisée pour le collectionneur japonais Junichiro Hiramatsu, elle repose sur la F430, dont elle conserve l’allure générale mais affine chaque ligne. Le design signé Fioravanti évoque les Ferrari des années 1960 avec un style plus tendu et une poupe redessinée. C’est la première fois qu’un client participe à la création d’un modèle unique homologué par Ferrari. Ce modèle pose ainsi la règle d’or du programme : recarrosser sans trahir l’ADN Ferrari. Sobre, élégante et parfaitement proportionnée, elle établit les bases de ce que deviendront les Ferrari One-Off

Ferrari P540 Superfast Aperta (2009)
Basée sur la 599 GTB Fiorano, la P540 Superfast Aperta rend hommage à une barchetta Fantuzzi aperçue dans le film Toby Dammit (1968). Commandée par Edward Walson, elle reprend la structure du coupé tout en adoptant une carrosserie ouverte et des volumes plus fluides. C’est la première Ferrari One-Off à transformer profondément une GT existante tout en restant pleinement homologuée pour la route. La P540 introduit une idée clé : une Ferrari unique peut aussi être un clin d’œil personnel à l’histoire du cinéma ou du design italien. Elle confirme que Maranello ne crée pas seulement pour des collectionneurs, mais pour des passionnés qui veulent raconter leur propre histoire.

Ferrari SP12 EC (2012)
Ce modèle est sans doute la Ferrari One-Off la plus célèbre du programme. Conçue pour Eric Clapton, elle s’inspire directement de la 512 BB, modèle que le musicien a longtemps possédé. Basée sur la 458 Italia, elle réinterprète les surfaces lisses et la bande noire caractéristique de la Berlinetta Boxer. Le résultat mêle la pureté des années 1970 à l’aérodynamisme moderne. Avec cette commande, Ferrari démontre sa capacité à fusionner patrimoine et technologie contemporaine sans tomber dans la nostalgie. La Ferrari SP12 EC reste le modèle unique le plus médiatisé, celui qui a fait connaître au grand public l’existence de ce département jusque-là confidentiel.

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Ferrari SP275 RW Competizione (2016)
Avec la SP275 RW Competizione, le constructeur italien entre dans une phase plus expressive du programme. Basée sur la F12tdf, cette Ferrari rend hommage à la mythique 275 GTB/C de 1965 et à l’écurie belge Francorchamps. Sa teinte jaune triple couche et ses ouïes latérales rappellent les GT des sixties, tandis que son allure musclée traduit l’efficacité d’une supercar moderne. La SP275 illustre parfaitement la philosophie du département : puiser dans la mémoire de Ferrari sans jamais copier. C’est une voiture qui regarde le passé dans le rétroviseur, mais file résolument vers l’avenir.

Ferrari SP38 « Deborah » (2018)
La SP38, surnommée Deborah par son propriétaire, marque une étape importante dans le langage du design Ferrari. Construite sur la base d’une 488 GTB, elle s’inspire de deux icônes : la F40 et la 308 GTB. L’avant est allongé, les phares sont amincis, et la poupe gagne en tension avec une lunette moteur plus sculptée. Cette Ferrari One-Off se distingue par sa pureté aérodynamique et son équilibre presque intemporel. Présentée directement sur la piste de Fiorano, elle symbolise la maturité du programme. Une voiture pensée non plus comme un hommage, mais comme une création à part entière.

Ferrari P80/C (2019)
La P80/C est la plus radicale de toutes. Développée sur la base d’une 488 GT3, elle n’est pas homologuée pour la route. Il s’agit en fait d’une voiture de course unique. Ferrari en a donc profité pour repousser toutes les limites : surfaces creusées, lunette concave, proportions extrêmes.
Inspirée des prototypes d’endurance des années 1960, elle revendique un style fonctionnel où chaque ligne répond à une contrainte aérodynamique. Quatre ans de développement auront été nécessaires pour aboutir à cette sculpture d’aluminium et de carbone. La P80/C reste un manifeste : la preuve que le programme One-Off peut aller au-delà de la route pour devenir un laboratoire de design pur.

Ferrari Omologata (2020)
Présentée en 2020, la Ferrari Omologata renoue avec la pure tradition des GT à moteur avant. Basée sur la 812 Superfast, elle conserve seulement le pare-brise et les phares du modèle d’origine. Tout le reste est inédit. Son nom évoque les voitures d’homologation des années 1960, et son dessin s’inspire directement des 250 GTO et Tour de France d’époque. Ferrari y explore une esthétique plus épurée, avec des surfaces lisses et un arrière sculpté de stries horizontales. C’est une interprétation moderne du grand tourisme, une Ferrari ramenée à l’essentiel. L’émotion mécanique avant tout

Ferrari KC23 (2023)
La KC23 représente la vision la plus futuriste du programme Special Projects. Développée sur la base d’une 488 GT3 Evo, elle symbolise la recherche d’une fluidité absolue. Ses panneaux latéraux motorisés se déplacent pour modifier l’aérodynamique, tandis que ses portes en élytre accentuent son allure d’OVNI. Sa peinture « métal liquide » reflète la lumière comme une surface vivante, un effet rarement vu sur une Ferrari. Conçue uniquement pour la piste, la KC23 semble sortie d’une autre décennie. Elle prouve que Maranello sait encore surprendre, même après soixante-quinze ans d’innovation.

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Ferrari SP-8 (2023)
La Ferrari SP-8 clôt la série récente des Ferrari One-Off avec un design d’une précision presque artisanale. Basée sur la F8 Spider, elle se distingue par l’absence totale de toit et par une silhouette d’une pureté remarquable. Sa carrosserie bi-ton — Bleu Irisé et Argent Aluminium — joue sur les contrastes de matière. Tandis que la calandre monobloc en aluminium usiné témoigne d’un travail d’orfèvre. Les feux arrière, inspirés de la Roma, et les jantes directionnelles complètent un ensemble à la fois classique et contemporain. C’est une voiture qui semble flotter entre sculpture et machine. L’expression la plus harmonieuse du sur-mesure Ferrari.
En cette vidéo pour admirer la SP-8 :






