Ken Block, un nom synonyme de légende dans le monde du rallye, a atteint l’iconicité sans jamais remporter de course au niveau mondial. Le numéro 43 est reconnaissable grâce à ses vidéos de Gymkhana. Ces images de drift extrême ont captivé plus de 100 millions de spectateurs en ligne. Ce sont ces séries de court-métrage qui ont propulsé cette discipline à un niveau de popularité sans précédent. Mais quel est le secret de son succès retentissant ? Est-ce la puissance de son moteur, la précision de son volant, ou la qualité de ses pneus ? Block a su transformer le drift en un art visuel, élevant ainsi son statut bien au-delà des pistes de rallye.
Sommaire :
Biographie et les débuts de Ken Block
Ken Block, un entrepreneur et un sportif dans l’âme
L’ascension de Ken Block est une source d’inspiration pour beaucoup. Au départ, Kenneth Paul Block rêvait de devenir architecte, mais son cœur le menait ailleurs. Suivant sa passion, il quitte son emploi et déménage au Colorado pour poursuivre une carrière dans le snowboard. Cependant, il réalise bientôt que ses capacités en snowboard ne suffiraient pas pour en faire une entreprise professionnelle. Ken retourne alors en Californie, prêt à transformer une autre passion en carrière : il reprend ses études en design à l’université de Palomar, en Californie.
C’est là qu’il se lie d’amitié avec Damon Way, frère aîné du célèbre skateboarder Danny Way. Cette rencontre marque un tournant dans sa vie. Ken commence sa carrière entrepreneuriale en Californie. Il combine alors son amour pour les sports d’aventure et le design artistique tout en vendant des vêtements de niche aux boutiques de snowboard. Avec Damon, il lance plusieurs petites entreprises avant de créer DC Shoes en 1994. Cette aventure ne fut pas sans risque : Ken dut emprunter 10 000 $ à ses parents pour s’associer à Danny Way. Mais ce risque a porté ses fruits. Dès la fin de 1995, DC Shoes réalisait des ventes de près de 7 millions de dollars.
Le succès de son entreprise a ouvert la porte à des collaborations avec des athlètes professionnels et des sponsors. C’est en 2004, alors qu’il était Chief Brand Officer de DC Shoes, que Ken a été introduit au rallye par Travis Pastrana, un ami et athlète de sport automobile de DC.
Ses débuts en rallye
Ken Block, à l’âge de 37 ans, a entamé une carrière remarquable en rallye après s’être formé à l’école de rallye de l’équipe O’Neal. Dès 2005, il démontre son talent naturel en terminant 7e au Sno*Drift. Il enchaine en arrivant 4e au Rallye d’Amérique, surpassant même son mentor Travis Pastrana. L’année suivante, il rejoint le Subaru Rally Team USA. Il terminera deuxième au rallye d’Amérique et remportera la médaille de bronze aux X Games.
En 2007, Block fait ses débuts en Championnat du Monde des Rallyes au Mexique, tout en décrochant la médaille d’argent aux X Games. Il continue à briller en 2008, finissant deuxième au championnat Rally America et participant au Rallye de Nouvelle-Zélande. En 2009, il apparaît dans un épisode de l’émission Top Gear et collabore avec Codemasters pour les jeux vidéo DiRT.
Block forme sa propre équipe en 2010, qui s’appelle Monster World Rally Team. Cette équipe deviendra plus tard Hoonigan. Il va alors courir avec une Ford Focus RS WRC, finissant dans les points en Espagne. En 2012, il gagne une médaille d’argent aux X Games et remporte deux événements du Rally America. Le pilote atteint même le top dix au rallye du Mexique en 2013, marquant son meilleur résultat en WRC.
En 2015, Block se tourne davantage vers le Global Rallycross Championship et la gestion de Hoonigan. Cette année marque la fin de sa participation régulière au Championnat du Monde des Rallyes. Cela ne l’empêche pas d’influencer le monde du rallye par sa passion et son style unique. Ken Block participera en effet à des événements comme le Rallylegend, ou encore le Festival of Speed de Goodwood.
En vidéo le Gymkhana 2 :
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La transition de Ken Block vers le Gymkhana
Tout a commencé avec Gymkhana 2
La transition de Ken Block vers le Gymkhana a propulsé sa renommée au-delà du monde du rallye. Ces vidéos, devenues iconiques, ont fait de Ken Block une légende de la culture automobile mondiale. Bien plus qu’un pilote talentueux, Block s’est révélé être un maître du marketing. Il fusionne habilement ses compétences commerciales avec son talent athlétique.
Son intuition pour le marketing a naturellement influencé sa carrière de pilote et ses partenariats. Se distinguant des autres pilotes de rallye, il a transporté ses compétences de pilotage des pistes aux rues. En 2009, Block et son équipe ont lancé leur phénomène viral, Gymkhana 2. Il s’agit d’une vidéo infomercial, qui a cumulé 20 millions de vues à travers le monde. On le découvre à bord d’une Subaru Impreza WRX STI de 2009 qui a plus de 500 chevaux. Outre le fait de drifter, Ken Block avait le sens de l’incroyable. Il ajoutait des détails inédits, comme le fait de faire un 180° sur des ballons remplis d’eaux avec une scène au ralenti.
Des vidéos spectaculaires servant sa marque
Chaque film de la série Gymkhana deviendra de plus en plus spectaculaire, cumulant plus de 500 millions de vues. L’une des plus emblématiques est Gymkhana 5. Tourné à San Francisco, il troque l’Impreza WRX STI contre sa Ford Fiesta d’une puissance de 650 chevaux. Ken Block va même fermer le Bay Bridge pour sa vidéo.
Ken Block a également tourné d’autres films, baptisé Climbkhana. Contrairement au Climb Dance de Peugeot, son défi est de faire une course de côte tout en driftant. Le premier Climbkhana se déroule sur le fameux Pikes Peak, où il pilote la Ford Hoonicorn V2 de plus de 1 000 chevaux. La seconde se déroule sur l’une des routes les plus dangereuses du monde, dans les montagnes du Tianmen, en Chine. Cette fois, il pilote le Hoonitruck avec une puissance de 900 chevaux.
En 2021, Ken Block se lance dans les véhicules électriques en collaborant avec le constructeur allemand, Audi. La voiture est une version électrique d’une icône du rallye du Groupe B, l’Audi S1 e-tron Quattro, aussi connu sous le nom de Hoonitron. La série sur les gymkhanas électriques porte alors le nom de « Electrikhana ». Il s’agit de la dernière œuvre de Block.
Découvrez l’extrait du Climbkhana 1 :
Le Gymkhana comme moyen de promotions
Ken Block a su utiliser le Gymkhana comme un puissant outil de promotion, en commençant avec des vidéos sur YouTube. Dès 2008, ses performances en Subaru Impreza WRX STI ont captivé le public, la première vidéo atteignant plus de 20 millions de vues. Le titre, « Gymkhana 2 : The infomercial ! », en disait long sur l’objectif du clip.
Cette réussite a été suivie par des vidéos encore plus spectaculaires, chaque nouvelle édition devenant plus ambitieuse et attirant des centaines de millions de vues au total. Ces clips ne se limitaient pas au divertissement. Chaque court-métrage était stratégiquement conçu pour promouvoir ses produits et son image de marque. De Gymkhana 2 en 2009 à Electrikhana avec une Audi S1 e-tron Quattro unique, chaque film a servi à consolider la marque Ken Block. Cela a permis d’attirer l’attention sur ses partenaires commerciaux.
Dans « Electrikhana Two », posthume à Ken Block, il pilote l’Audi S1 Hoonitron dans les rues de Mexico. La performance est électrisante, et on y découvre le pilote dépasser encore une fois ses limites. Filmée fin 2022, cette vidéo est la dernière réalisée par Block avant son décès tragique en janvier 2023.
Moins puissante que la Mustang Hoonicorn qu’il a longtemps conduite, l’Audi S1 Hoonitron compense par son couple instantané et l’absence de boîte de vitesses, offrant des performances de drift spectaculaires.
On vous laisse la vidéo de Block exécutant des cascades audacieuses, combinant conduite latérale, sauts, et émissions de fumée de pneu. C’est une ultime représentation saisissante de son talent, capturant l’essence de ce que Block a apporté au monde du Gymkhana.
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Son influence et son héritage sur le sport auto
Ken Block, décédé tragiquement le 2 janvier 2023, laisse un héritage indélébile dans le monde du sport automobile. Sa mort accidentelle lors d’une sortie en motoneige a ému la communauté du rallye-cross et l’équipe Hoonigan. Au-delà de ses exploits en rallye, Block a marqué l’univers des jeux vidéo, présent dans les séries Dirt de Codemasters, Need for Speed d’EA Games, et Forza Horizon de Turn 10. Sa présence s’étendait de la couverture de jeux à des promotions vidéo.
Avec le décès de Ken Block, la magie qu’il apportait à chaque Gymkhana s’éteint avec lui. Bien que Travis Pastrana soit prêt à reprendre le flambeau Gymkhana, et qu’il possède un talent comparable pour nous donner des frissons, il est indéniable que Ken Block était un Hoonigan inimitable. Le pilote américain laisse derrière lui un héritage inoubliable dans le monde de la culture automobile.
Son héritage continue à travers sa famille. Sa femme Lucy, avec l’ancien copilote de Ken, Alex Gelsomino, a concouru dans l’American Rally Association (ARA) 2023. Sa fille Lia, devenue la plus jeune championne de l’ARA à 16 ans, a également rendu hommage à son père lors de la course de côte de Pikes Peak, pilotant la Porsche Hoonipigasus. Cette continuité familiale dans le sport automobile témoigne de l’impact durable de Ken Block sur le sport et la culture automobiles.