À peine six semaines après son lancement en grande pompe, l’État annonce la fin du leasing social à 100 euros par mois. Rouler en voiture électrique pour seulement 100 euros par mois : voilà une annonce qui avait de quoi séduire. Ce dispositif vient d’entrer en vigueur le 1er janvier 2024 et il a suscité un engouement immédiat. Il faut croire que c’était trop beau pour durer. Pourquoi l’Élysée a-t-il donc décidé d’interrompre cette initiative qui semblait rencontrer un franc succès ?
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Objectif initialement prévu de 25 000 véhicules a été largement dépassé
L’éligibilité au programme était conditionnée à des critères stricts. A priori, le leasing social à 100 euros par mois s’adresse à environ 5 millions de Français. Ce sont les plus modestes avec un revenu fiscal de référence inférieur à 15 400 euros. Les ménages concernés doivent parcourir plus de 8 000 km par an ou vivre à plus de 15 km de leur lieu de travail. En lançant ce dispositif d’aide, le gouvernement espérait distribuer entre 20 000 et 25 000 voitures sur l’année.
Personne ne s’attendait à ce que le dispositif rencontre un engouement spectaculaire, au point que les demandes ont explosé. Ce ne sont pas moins de 90 000 dossiers qui ont été enregistrés dès les premières semaines. C’est quatre fois plus que l’objectif prévu. Le gouvernement s’est trouvé contraint de revoir ses plans en portant le quota à 50 000 commandes pour répondre à la demande. Un volume qui est fixé pour 2025.
Paradoxalement, ce succès fulgurant a précipité l’interruption soudaine de cette initiative prometteuse. Un décret publié le 12 février 2024 sur le Journal officiel a marqué officiellement la fin du leasing à 100 euros par mois d’édition 2024. Cette annonce est un véritable coup dur pour les dizaines de milliers de foyers modestes. Ils se voyaient déjà rouler en électrique à bas coût, grâce à cette mesure sociale et écologique. Celle-ci devient victime de son succès.
Fin du leasing social à 100 euros par mois due aux contraintes financières
Derrière cette décision de suspendre brusquement le dispositif se cachent des raisons budgétaires. Le succès inattendu du leasing social à 100 euros par mois s’est heurté à un coût bien plus élevé que prévu. Rappelons que l’État subventionne chaque location de voiture électrique à hauteur de 13 000 euros. Ce montant inclut 7 000 euros de bonus écologique et 6 000 euros de prime additionnelle.
Sur les 25 000 véhicules prévus pour 2024, le budget à allouer à ce programme se situait autour de 300 millions d’euros. Comme ce sont 50 000 requêtes qui sont enregistrées, la facture s’est presque doublée. Près de 600 millions d’euros seraient nécessaires pour honorer toutes ces demandes.
Ce système de location est louable dans son intention de protéger notre planète. Il permet aux ménages modestes de s’offrir enfin une voiture électrique neuve à petit prix. Il s’avère insoutenable à long terme, surtout dans un contexte où les finances publiques sont sous pression.
L’État s’est vu obligé de mettre fin à l’initiative pour 2024, malgré son succès. Une mesure qui semble contre-intuitive, étant donné l’engouement que le leasing social à 100 euros par mois a suscité.
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L’incapacité des constructeurs français à répondre à une forte demande de véhicules électriques
Cette explosion de la demande a mis en lumière les limites des constructeurs français en matière de véhicules électriques. Alors que le gouvernement conditionnait l’attribution des aides à une production locale, l’offre hexagonale s’est retrouvée dépassée.
Des groupes comme Stellantis et Renault ont certes joué le jeu en proposant plusieurs modèles éligibles. Cela va des citadines comme Peugeot 208, Fiat 500 et Renault Zoé, Renault Twingo aux familiales comme Jeep Avenger et Renault Kangoo. Toutefois, l’offre reste inférieure à la demande. Certains modèles fabriqués en France sont hors du dispositif de leasing social à 100 euros par mois. Ce sont surtout ceux dont les tarifs tournent autour de 25 000 euros, comme pour la Renault 5 Electric.
Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Roland Lescure, appelle les géants de l’automobile tricolores à « accélérer la cadence ». Ces derniers font valoir les obstacles à produire des véhicules électriques abordables en France, en raison des coûts de production élevés.
Que sera-t-il alors du leasing social en 2025 ?
Cette fin précoce de l’édition 2024 du leasing social ne signe pas pour autant la mort du dispositif. Loin de là ! Comme l’a confirmé l’Élysée, le gouvernement entend relancer le programme à la fin de 2024 pour une nouvelle campagne en 2025. Ces quelques mois de pause permettront aux constructeurs automobiles français d’ajuster leurs offres et d’accélérer leur production des véhicules électriques. Pour rappel, seuls les modèles fabriqués en France ou en Europe sont éligibles au leasing social à 100 euros par mois.
À travers cette mesure, le gouvernement ambitionne de ne privilégier que les modèles made in France à des tarifs abordables. C’est ainsi que l’État français compte répondre à la demande, qui a visiblement dépassé les prévisions initiales pour ce premier essai. Il s’agira aussi d’affiner le modèle économique pour qu’il reste soutenable budgétairement sur la durée, malgré des subventions conséquentes.
Quant au nombre exact des bénéficiaires pour l’édition 2025, il est encore impossible de l’estimer. Tout dépendra de ces fameux engagements de production.
D’ici là, les particuliers souhaitant adopter une voiture propre sans se ruiner pourront toujours compter sur les aides financières. Cela concerne le bonus écologique et la prime à la conversion, même si les montants sont moindres.
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Une promesse envers les consommateurs
La promesse du leasing social à 100 euros par mois continuera d’alimenter les rêves de nombreux ménages modestes en quête de mobilité verte. Il appartient donc à l’État et aux constructeurs automobiles de veiller à ce que le dispositif réponde pleinement à leurs espérances lors de son grand retour en 2025.
En vidéo l’explication de la fin du leasing social :