Vous pensiez que l’affaire de l’airbag Takata était derrière nous ? On pourrait le croire… sauf qu’en réalité, le danger est toujours là, bien présent. Le nom Takata reste associé à l’un des plus gros scandales de l’industrie automobile. Et pourtant, des millions de véhicules roulent encore avec un airbag potentiellement mortel. Si votre voiture est concernée, il est peut-être temps de lever le pied. D’autant plus que l’État vient de mettre un sérieux coup de pression aux constructeurs : rappels accélérés, immobilisation immédiate, mesures inédites… On fait le point ensemble.
Sommaire :
Pourquoi ces airbags sont-ils dangereux ?
On ne va pas se mentir : ces airbags peuvent tuer. Le problème vient du gaz utilisé pour les gonfler, du nitrate d’ammonium. Avec le temps, et surtout dans un environnement chaud ou humide, ce gaz devient instable.
Résultat ? Au lieu de se gonfler normalement en cas d’accident, l’airbag Takata peut littéralement exploser, projetant des fragments métalliques dans l’habitacle. Vous imaginez les conséquences…
En France, on recense déjà 29 accidents graves, dont 12 décès, principalement en Outre-mer. Et le plus inquiétant, c’est que malgré des rappels lancés dès 2013, des millions de voitures continuent de rouler avec ces airbags à risque. Souvent sans que leurs propriétaires ne le sachent.
Le scandale est donc toujours d’actualité, et l’État a enfin décidé d’y mettre un vrai coup d’accélérateur.
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Le gouvernement hausse le ton
Jusqu’à récemment, certains constructeurs prenaient leur temps. Mais le 9 avril 2025, un arrêté du ministère des Transports a tout changé. Désormais, les marques doivent suivre un protocole strict pour identifier et immobiliser les véhicules concernés.
Voici ce qu’on leur impose :
- Envoyer un courrier aux propriétaires pour leur demander de ne plus utiliser leur voiture tant que l’airbag Takata n’a pas été changé
- Déclencher un « stop drive » immédiat : le véhicule ne doit plus circuler avant réparation
- Mettre en ligne une plateforme de vérification accessible via le numéro VIN
- Assurer un suivi complet, de la détection jusqu’à l’intervention
- Remettre au client une attestation de réparation dans les 24 heures
Et si les marques ne respectent pas ces règles ? Elles s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à un million d’euros par jour.Autant dire que le gouvernement ne plaisante plus.
Quels modèles sont concernés ?
Ce n’est pas un rappel isolé sur quelques modèles. La liste est longue, et elle s’étend sur de nombreuses marques. Toyota et Mercedes sont actuellement les plus visés par les mesures. Chez Toyota, environ 70 000 véhicules doivent encore être rappelés en France :
Chez Mercedes, plus de 100 000 modèles restent non réparés :
- Classe A, Classe C, Classe E
- Vito, Sprinter, GL, M, R, SLK…
Citroën, Peugeot, Volkswagen, BMW, Nissan, Chevrolet sont aussi concernés. En réalité, tout véhicule produit entre 2001 et 2018 peut potentiellement être touché. Alors, comment vérifier si le vôtre l’est ? Rien de plus simple :
- Repérez votre numéro VIN (il figure sur la carte grise).
- Rendez-vous sur le site officiel du constructeur.
- Entrez le code et vérifiez s’il y a un rappel en cours — et surtout si un stop drive a été déclenché
Depuis mars 2025, les centres de contrôle technique alertent également les conducteurs. Si vous êtes concerné, la mention figure sur le procès-verbal avec une recommandation claire : ne pas rouler tant que l’airbag Takata n’est pas remplacé.
Que faire si vous êtes concerné par les problèmes d’Airbag Takata?
Ne roulez plus avec votre voiture, c’est aussi simple que ça. Même si elle vous paraît parfaitement en état, le danger est réel. Un accident suffit pour transformer l’airbag en projectile. C’est d’autant plus absurde que la réparation est gratuite, rapide et sans formalités complexes.
Voici ce qu’il faut faire :
- Contactez un garage agréé ou un concessionnaire de la marque
- Prenez rendez-vous pour le remplacement (souvent en moins d’une demi-journée)
- Si besoin, demandez une voiture de prêt
- N’oubliez pas de récupérer l’attestation de réparation, fournie dans les 24 heures
Ce document pourra vous servir plus tard, notamment en cas de revente ou de contrôle technique.
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Pourquoi cette affaire dure-t-elle depuis si longtemps ?
C’est sans doute ce qui agace le plus. Ce scandale est connu depuis plus de dix ans, et pourtant, on en est encore à immobiliser des véhicules en 2025. Alors, qu’est-ce qui bloque ?
La première raison, c’est la faillite de Takata. L’entreprise n’étant plus en mesure d’assurer le suivi, la responsabilité est retombée sur les constructeurs. Pourtant, ils n’étaient pas tous prêts ou organisés pour réagir rapidement.
Ensuite, il y a les nombreux freins logistiques. Des véhicules revendus, des fichiers clients incomplets, des propriétaires impossibles à joindre…. Résultat : il devient difficile de contacter tout le monde, et les rappels avancent trop lentement.
Enfin, sur le terrain, la situation est parfois encore plus compliquée. Dans certains territoires, notamment Outre-mer, les centres agréés manquent cruellement. Et quand ils existent, les pièces ou le personnel qualifié font défaut, ce qui entraîne des délais qui s’étirent… Parfois pendant des mois.
Au fond, ce n’est pas le manque d’alerte qui ralentit le processus, mais une accumulation de blocages, d’inerties, et de manques de coordination. C’est justement ce que le nouvel arrêté gouvernemental cherche à corriger, mais avec des obligations claires et des sanctions à la clé. Et cette fois, plus d’excuses.
Une réponse judiciaire se prépare-t-elle aussi ?
Oui, et elle prend de l’ampleur. En avril 2025, le ministère de la Justice a demandé la centralisation de toutes les enquêtes liées aux airbags Takata auprès de la JIRS de Paris. Il s’agit d’une juridiction spécialisée dans les affaires complexes.
L’idée, c’est de traiter ces dossiers plus efficacement, en évitant leur dispersion dans plusieurs tribunaux. Vu la nature des accusations, on comprend pourquoi : tromperie aggravée, pratiques commerciales trompeuses, mise en danger de la vie d’autrui. Dans certains cas, il est aussi question de blessures ou d’homicides involontaires.
Beaucoup de victimes attendent depuis des années une véritable reconnaissance de leur préjudice. Avec cette centralisation, la justice espère accélérer les procédures et mieux établir les responsabilités dans un scandale qui a déjà fait trop de victimes.
En vidéo le résumé de la situation :